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jeudi 23 août 2012

L'AMOUR QUI NOUS REND DIVINS

SI NOUS VIVONS DANS L' AMOUR NOUS VIVONS EN DIEU 


L’évangéliste Jean dans une des ses lettres (1Jn.4,7-10) nous fait une déclaration extraordinaire. Il nous donne la définition de Dieu. Il nous dit qui est Dieu. Certes, il aurait pu nous dire que Dieu est le Créateur, le Tout-Puissant, l’Éternel, l’Être et la Raison Suprême, celui qui connaît tout, le principe et la fin de toutes choses, le juge, le justicier, etc. ... Au lieu  de cela, il nous dit, tout  simplement, que Dieu est Amour et que l’Amour est Dieu. Cela signifie que là où il y a de l’amour, il y a Dieu. Cela signifie que chaque fois que les hommes posent des actes ou des gestes d’amour, ils rendent Dieu présent sur terre. Cela signifie que c’est surtout dans les gestes d’amour que Dieu se révèle et se manifeste. Cela signifie que chaque fois que nous aimons, c’est Dieu qui aime en nous et à travers nous. Cela signifie que si nous, les humains, nous découvrons en nous la capacité d’aimer, cela est dû au fait que nous sommes faits de la substance de Dieu et que Dieu subsiste  en nous comme  le fondement le plus profond de notre être. Dans le livre de la Genèse, la Bible exprime cela en disant que nous sommes faits «à l’image et à la  ressemblance de Dieu». Si Dieu est l’Amour, chaque fois que nous aimons, nous agissons en êtres divins; nous sommes divins, puisque nous agissons comme Dieu, puisque nous déployons  les forces, les énergies et les virtualités qui constituent la nature profonde de Dieu tapie au creux de nous même.

Si l’amour constitue toute la perfection de Dieu, l’amour constitue aussi toute la perfection de l’homme. Cela veut dire que chacun de nous s’accomplit, se perfectionne, s’améliore en tant qu’homme et femme, augmente en humanité, grandit en tant que personne dans l’estime, la considération, l’appréciation des autres, dans la mesure où il est capable d’aimer. C’est notre capacité réelle à aimer qui nous rend beaux, fins, gentils, attachants et qui donne de la valeur  à notre existence. C’est parce que nous avons la possibilité d’aimer que nous pouvons nous épanouir, être heureux et, en fin des comptes, avoir la certitude d’avoir réussi notre vie.

Si dans votre vie vous avez aimé, vous avez été divins. Vous avez agi comme Dieu. Vous avez permis à Dieu de se répandre, d’agir, de créer du nouveau, de se manifester, de transformer le monde et le cœur des personnes. Il faut surtout ne jamais regretter d’avoir aimé,  ni  d’avoir trop aimé, ni d’avoir mal aimé. On n’aime jamais trop, on n’aime jamais mal. Parfois il nous arrive d’aimer d’une façon trop humaine. Et la façon humaine n’a  pas, hélas,  la perfection de la façon divine d’aimer. Mais il vaut mieux aimer maladroitement, que de ne pas aimer du tout. Dans le langage populaire on dit qu’il vaut  mieux faire l’amour que de faire la guerre. On fait toujours moins de dégâts, on cause moins de souffrances lorsqu’on  aime, même si l’on aime d’une manière égoïste et imparfaite, que quand on se laisse emporter par la haine, la rancune et la violence. La faute, le mal, le péché ne sont jamais dans l’amour, mais toujours dans le manque d’amour. On ne fait jamais volontairement du mal parce qu’on aime trop, mais parce qu’on n’aime pas assez. C’est l’amour qui construit, qui améliore, que donne du bonheur, qui sauve le monde. C’est le manque d’amour qui détruit, qui détériore, qui fait souffrir, qui rend malheureux, qui est la cause de toutes les calamités dont est affecté notre monde: les guerres, le terrorisme, la violence, les injustices sociales, la pauvreté, l’ignorance, la pollution, etc.

Et vous devez continuer à aimer! La capacité d’aimer ne s’affaiblit pas avec l’âge, elle augmente au contraire avec les années. Et cela parce que votre cœur est devenu plus grand, que l’expérience de la vie vous a rendus plus attentifs aux beautés et aux valeurs des autres, plus sensibles aux souffrances du cœur et de l’âme, plus attristés par le gâchis de certaines vies qui n'ont pu s'épanouir dans la rencontre d'un véritable amour.... Avec les années, votre cœur est devenu un champion de l’amour, car vous avez eu toute une vie pour l’habituer à aimer, pour l’entraîner à donner de l'affection et de la tendresse et pour apprendre de vos défaites amoureuses quelles sont les entraves à éviter sur les chemins de l’amour. Ce n’est pas parce que vous êtes maintenant plus âgés, mois actifs, plus  seuls,  que vous  aimez moins!  Ce n’est par parce qu’il y a maintenant moins de monde et moins d’activité autour de votre cheminée, que le feu est moins chaud et moins pétillant dans le  foyer de votre cœur! Si vous gardez allumé en vous le feu de l’amour, tous ceux qui vous approcheront en seront réchauffés. Car l’amour qui vous entretenez dans votre cœur transparaît nécessairement dans vos yeux, dans votre sourire, dans le ton de votre voix, dans les paroles que vous prononcez, dans les gestes de gentillesse et de tendresse que vous posez. L’amour en vous est comme un brasier qui vous garde toujours lumineux, même si le métal de votre vie a subi l’usure des années.

À côté de la personne qui m’aime j’apprends à regarder à l’essentiel, à chercher les vraies valeurs, à faire tomber autour de moi un tas de choses qui m’alourdissent, qui m’embarrassent parce qu’elles ne sont pas vraiment nécessaires à mon bonheur et à la réussite de ma vie.

La parole de Jésus nous rassure que si nous vivons et restons dans l’amour, nous sommes déjà sauvés, car nous demeurons en Dieu. Et si nous sommes conscients de vivre plongés en Dieu parce que nous aimons, notre cœur sera alors vraiment, comme dit Jésus, comblé de joie (Jn.15, 9-17) .   
MB

mardi 21 août 2012

CHANGER NOTRE REGARD

IL GUERISSAIT LES LEPREUX…


Dans la société juive du temps de Jésus le lépreux est un exclu, un paria, un intouchable. Personne ne peut l’approcher; personne ne peut le toucher. Et cela par Loi! Par une Loi qui vient de Dieu!

Jésus cependant ne fait aucun cas de la Loi. Il  fait exactement tout ce que la Loi de Dieu défend. Il nous apprend ainsi que toute loi perd sa validité et sa légitimité chaque fois qu’elle légalise et encourage l’exclusion, la discrimination ; lorsqu’elle établit des individus ou des classes sociales dans un  état d’inégalité ou d’infériorité.

Ce lépreux  de l’évangile est le symbole ou la personnification de tous les exclus du monde; de tous ceux et celles qui ont  de la difficulté à trouver le chemin de notre considération, de notre estime, de notre attention, de notre sympathie et de notre amour. Que de gens autour de nous sont porteurs de lèpre! Nous les fuyons, nous les évitons,  nous mettons de la distance entre nous et eux ; nous tournons le regard lorsqu’ils croisent notre route….Car ils nous dérangent,  ils nous indisposent, ils nous irritent, ils nous font peur… Nous voyons des lépreux partout autour de nous. Ainsi les Américains sont arrogants et méprisants; les Italiens sont des mafieux,  les Français sont présomptueux; les arabes sont rétrogrades; les musulmans sont des violents et des fanatiques; les Chinois sont des hypocrites; les clochards sont des fainéants; les homosexuels sont des dépravés; les prêtres catholiques des pédérastes; les gens sur le bien-être social sont des profiteurs du système; les politiciens sont des imposteurs et des ambitieux; notre voisin est un drogué sans espoir et sans avenir; les jeunes manquent du sens de la responsabilité, ne pensent qu’à se divertir et restent  des immatures jusqu'à l’âge de 40 ans...

Nous  avons tendance à cataloguer et à  étiqueter les gens au gré des nos préjugés, de nos anxiétés et de nos peurs. Et ainsi bâtissons-nous de l’hostilité, créons-nous de la distance, refroidissons-nous le monde. Pourquoi? Parce que nous sommes intérieurement déchirés par la  peur; parce que nous sommes incapables  de poser sur la réalité qui nous entoure ce regard d’amour que Jésus possédait et qu’il a cherché constamment et par tous les moyens à nous communiquer. Lorsque le Maitre nous parle  de la nécessité de rentrer  dans le « monde, le règne, l’univers  de Dieu » et de nous laisser atteindre et travailler par son Esprit, il veut justement susciter en nous  ce « regard » qui contemple la création en général et  les humains en particulier, non plus comme un monde adverse, hostile, étranger, dangereux, mais comme une réalité bienveillante, amicale et à laquelle  nous sommes intimement connectés, qui nous porte, qui nous génère continuellement, qui est l’expression, pour nous les chrétiens, de la présence et  de l’action aimante de Dieu  dans notre monde.

Pour nous les chrétiens, formés à la parole de Jésus, rien  ni personne ne devrait  nous être étranger ou nous paraître néfaste. Mais ce regard d’émerveillement et d’amour que nous devrions poser sur la réalité et sur tout ce qui nous entoure, n’est malheureusement pas quelque chose qui nous soit naturel, mais plutôt le résultat  d’une conversion  et d’une transformation  intérieure  au contact avec la  Parole de Jésus et qui peut  surgir, advenir en nous seulement lorsque nous nous sommes réconciliés avec Dieu et avec nous-mêmes …. surtout avec nous-mêmes!  Seulement lorsque nous avons réussi à nous pacifier intérieurement, à apprivoiser en nous les conflits qui nous déchirent et nous dispersent, qui sont à l’origine de l’amertume et de la malveillance qui  contaminent  tout ce que nous regardons, nous  réussissons à découvrir l’harmonie qui se cache dans la création et à regarder avec émerveillement  la réalité autour de nous comme la manifestation  sublime d’un Amour qui est la substance de toutes choses. Comment aimer les autres, si nous nous haïssons? Comment pourrions-nous voir l’harmonie du monde et la valeur de chaque personne si nous ne sommes pas capables de percevoir notre beauté et de nous émerveiller devant le miracle continuel de notre existence ?

Mais surtout ce regard d’amour est le fruit d’une confiance acquise au cours d’une longue fréquentation  de Dieu réalisée à travers la prière, la réflexion, la méditation et le silence en compagnie  du Maitre de Nazareth.  C’est pour cela que Jésus était capable de poser sur tous et sur  toute choses ce regard d’amour qui fascinait ceux qui le côtoyaient et qu’il pouvait s’approcher de tous sans préjugés, avec bonté, sympathie, tendresse et amour. Nous le constatons dans ce récit de l’évangile. Qui peut être plus répugnant qu’un lépreux ? Et pourtant le texte évangélique nous dit  que devant lui Jésus ressent immédiatement de la « compassion ». Le verbe grec utilisé ici par l’évangéliste (splanguizomai) signifie plus précisément «être pris aux tripes; en avoir les entrailles bouleversées». Il désigne donc un sentiment tellement  fort qu’il en est tout bouleversé; il indique un «amour viscéral». Et c’est parce que Jésus est affecté de la sorte  par l’autre et par la condition de l’autre, qu’il se sent spontanément, inévitablement poussé, en faisant fi de toutes les lois  et tous les tabous, à s’approcher de lui, à abolir la séparation, («il allonge la main» ), à entrer en contact avec lui («il le touche»), un contacte qui est réel,  corporel, concret, physique  pour que ce malheureux soit définitivement transformé et guéri par cette puissance de passion, de com-passion et d’amour  qui «veut» se communiquer . «Oui, je le veux ! ….Sois guéri ! Sois Heureux…» .

Ce texte  est donc là pour nous faire réfléchir sur la qualité des rapports que nous entretenons avec Dieu, avec la nature, les hommes et nous-mêmes. Il est là pour nous demander, à nous, les chrétiens et les  disciples du Maitre de Nazareth, quelle sorte de regard nous portons sur le monde qui nous entoure : est-ce le regard de l’amour ou de la haine ? Est-ce le regard de la communion ou celui de l’exclusion ? Est-ce le regard de l’accueil ou celui du rejet ? Est-ce le regarde de la bienveillance ou celui de la malveillance? Est-ce le regard de la confiance ou celui de la  peur ? Est-ce le regarde de l’émerveillement  et du respect ou celui du désabusement  et de l’exploitation?

Si nous sommes ici pour écouter l’enseignement du Maitre-Jésus, c’est certainement parce que nous désirons,  nous aussi, acquérir son regard. Ce regard qui nous permet de traverser le bref parcours de notre existence  transportés par la confiance et élevés par la prise de conscience et l’émerveillement d’une beauté et d’un amour qui nous porte de toutes parts.


 MB

(6e dim. ord. B)

lundi 6 août 2012

LES "DÉMONS" SONT-ILS ENCORE PARMI NOUS ?


IL CHASSE  NOS DÉMONS

Jésus est  présenté dans les évangiles comme un homme  très sensible à la souffrance humaine qu'il cherche par tous les moyens à soulager. Dans ces anciens documents chrétiens, Jésus est vu comme un grand thaumaturge auquel on attribue une intense activité de guérisseur.  Jésus  guérit  les maladies et les infirmités qui affectent le corps, mais il guérit aussi les maladies et les infirmités qui touchent au psychisme de la personne et qui affectent le bon fonctionnement de son esprit. Étant donné la totale méconnaissance des maladies psychiatriques et psychosomatiques au temps de Jésus, on disait de lui qu’il libérait les gens du «mauvais  esprit » ou de « l’esprit impur » qui les possédait. La maladie psychique était causée par un mauvais esprit, auquel on attribua  ensuite une existence réelle et concrète, en l’identifiant à l’«ange déchu », au « démon », au « diable » du mythe des origines, rapporté par la Bible hébraïque.

Au temps de Jésus on pensait  que les esprits mauvais (ou démons) étaient  à l’origine de la maladie et de la souffrance autant somatique que spirituelle et psychique. Au Moyen Age encore, on les rendait responsables de toutes les catastrophes et on les craignait comme l’incarnation du mal. Mais le démon n'a pas toujours eu une connotation négative. Le daimon grec était une créature divine, un esprit  fiable et digne de confiance, un «dieu », inspirateur de la destinée d’un homme ou d’une collectivité. Cette vision ancienne du démon  a donc bien évoluée. Les religions en général et le christianisme en particulier ont retenu surtout l’interprétation négative de cette entité mythique et le « démon »  est devenu alors l’anti-Dieu, la personnification du mal ou de l’esprit mauvais qui agit en nous et qui cherche à nous perdre. La littérature moderne et une certaine terminologie  qui nous vient de sciences humaine ,comme la psychologie ou la psychanalyse, en récupérant le sens profond de ce mot (démon-diable) dans les évangiles, nous ont familiarisé  avec «nos démons intérieurs», une expression par laquelle on  veut  caractériser  tout ce qui, en nous, nous divise et s’oppose  à l’harmonisation de notre  personnalité et donc à notre bonheur véritable. 
Pour étrange que cela puisse paraître, la religion chrétienne, a repris  ce mythe ancien et l’a introduit  dans le bagage de ses croyances, en lui attribuant, en plus, une existence réelle.
Sans vouloir donner raisons aux croyances primitives des gens du temps de Jésus, il reste cependant incontestable que celles-ci exprimaient  une situation universelle qui est fondamentalement vraie et réelle: les êtres humains sont souvent affectés par des pulsions maléfiques, des tendances nuisibles et des forces néfastes; par des virus qui les grugent intérieurement et qui décomposent l’harmonie intérieure à l’ombre de laquelle la personne devrait pouvoir grandir et s’épanouir. Il reste vrai que nos démons intérieurs sont nos pathologies psychiques, nos angoisses, nos dépressions, nos traumatismes, nos sentiments de haine de soi ou des autres, nos multiples dépendances (alcool, tabac, plaisir, travail, succès, pouvoir, aspect physique...etc.).
Nos démons, c’est tout ce qui réduit notre liberté intérieure; ce qui fait obstacle à notre croissance humaine et spirituelle; ce qui nous empêche d’être pleinement en accord avec nous-mêmes, avec nos élans et nos aspirations les plus vraies. Démon est aussi  tout ce qui, en nous, se révolte lorsque nous sommes confrontés aux obligations de la morale, aux impératifs des commandements, aux conditionnements de la «bonne éducation» ou de la tradition, aux contraintes des lois, aux injonctions des dogmes, aux exigences de la religion.
Démon est tout cet aspect négatif et souvent inconscient du fonctionnement humain que la psychanalyse moderne (C.G.Jung) qualifie de zones d’ombres dans notre vie; cette partie secrète de notre personnalité que nous souhaitons cacher aux autres; ces aspects négatifs de nous-mêmes que nous ne  réussissons pas à intégrer dans le système complexe de notre existence et de nos relations et qui deviennent source non seulement de conflits, de remords, d’angoisses, de découragement, de tristesse, mais aussi de confrontation et de lutte épuisante contre  nous-mêmes, mobilisant une grande partie de nos énergies et rendant difficile notre auto-estime et  la réalisation de notre bonheur.
 Nos démons sont souvent le résultat de peurs générées par des messages inhibiteurs qui viennent de très loin: de notre enfance souvent, de notre éducation presque toujours, et qui s’opposent à notre développement et à notre croissance humaine. Par exemple : « tu ne devrais pas être là »; « tu ne mérites pas d’exister »; « tu n’es pas le bienvenu»; « tu es un incapable »; «tu ne seras jamais assez bien, assez bon, assez compétant  »; «tu ne seras jamais à la hauteur »; « étant ce que tu es, personne ne va t’aimer» ou «les seules valeurs qui comptent  c’est l’argent, l’efficacité, le pouvoir »; « tu vaux par ce que tu possèdes  ….» .
 Les « démons » sont donc toute  cette énergie en nous qu’il faut apprendre à accepter, à gérer, à réorienter et, souvent,  à guérir.
Pour faire face à nos démons nous pouvons, certes, recourir à l’approche clinique de la médecine ou de la psychanalyse. Mais celle-ci n’a souvent d’effet réel que si elle est accompagnée de l’approche  religieuse de la foi qui  génère la confiance. Nous  avons besoin de naître à une nouvelle conception de la réalité; nous avons besoin d’entrer dans un monde nouveau; ce monde que Jésus de Nazareth appelle « le monde ou le règne de Dieu». C’est un  monde dans lequel on entre en changeant de mentalité, en changeant d’esprit, en naissant à la confiance. C’est un monde où chacun se sent accueilli, accepté et aimé inconditionnellement : c'est-à-dire, non pas à cause de son argent, de son pouvoir, de son succès, de  ses exploits, de ses accomplissements ou même de la bonne qualité de sa vie; mais, tout simplement, parce qu’il existe, parce qu’il  est là,  parce qu’il est lui-même, avec la somme de ses ombres et de ses lumières, de ses laideurs et de ses beautés.
Jésus chasse nos démons parce qu’il nous fait accéder à la confiance qui nous vient de l’accueil de son Message. À travers lui et l’écoute de sa Parole, nous  entrons dans la connaissance de Dieu. Ce Dieu n’est pas un Dieu là-haut, au ciel, à l’extérieur, mais une Énergie aimante et merveilleuse et indéfinissable et pourtant réelle qui est au-dedans de toutes choses, au-dedans de moi, et  qui constitue la substance la plus vraie et la  plus profonde de mon être et de Laquelle je suis la manifestation la plus merveilleuse en ce monde. Cette connaissance et cette découverte de Dieu en nous transmise par Jésus de Nazareth,  nous ouvre à la confiance et  nous libère finalement de nos peurs et de nos démons, car nous prenons  conscience  que nous vivons dans un monde imprégné par la présence aimante de Dieu.

Nous réalisons alors que ce monde dans lequel nous vivons est soutenu et régi non pas par les forces destructrices du refus, de l’opposition, de la rivalité, de la confrontation,  mais par celles, bien plus constructives, de l’amour  qui se manifeste comme acceptation, tolérance, intégration, complémentarité, équilibre, harmonie, beauté… qui ne sont finalement que les manifestations d’une Puissance Aimante et  Bienveillante qui nous englobe de partout et qui rend possible notre vie, notre  bonheur et l’«harmonie  secrète» qui résonne partout dans  notre univers.

 MB

NOUS SOMMES TOUS CLOUÉS À UNE CROIX

MÉDITATION SUR LA CROIX  DU VENDREDI SAINT

La croix du vendredi saint c’est la concrétisation de la haine, de la violence et de la méchanceté humaine. La croix est tout ce qui limite la vie, qui fait souffrir, qui rend difficile l’existence à cause de la mauvaise volonté des hommes. Jésus  n’a jamais cherché la croix; il a, par contre, continuellement cherché à réaliser et à vivre les attitudes, les dispositions intérieures, les sentiments afin qu’il n’y ait ni des croix ni des souffrances pour soi et pour les autres. Il a proclamé et vécu l’amour et les conditions pour qu’il puisse y avoir toujours plus d’amour en ce monde. Ceux et celles qui aiment et qui vivent  pour les autres dans une attitude de disponibilité et de service, ne seront  jamais des croix pour leur prochain à cause de leur égoïsme et de la piètre qualité de leur vie.

Pour Jésus la croix fut la conséquence d’un comportement libérateur et innovateur qui s’est dépensé pour lutter contre toute formes d’inégalités, d’injustice; qui s’est compromis pour défendre la dignité et la valeur des personnes; qui s’est attiré la hargne et l’hostilité des autorités à cause de son courage et de sa détermination à critiquer,  à fustiger l’hypocrisie, la vanité, la cupidité des individus et des institutions autant civiles que religieuses qui, sous le couvert  de Dieu et de la religion,  opprimaient  et exploitaient  les plus faibles et les plus démunis de la société. Il a continué à  aimer malgré la haine. Il a accepté la Croix parce qu’il a voulu rester fidèle à la mission qu’il pensait avoir reçue de Dieu; pour être cohérent avec lui-même, ses convictions, et le message qu’il avait annoncé.  Il est donc vrai de dire que Jésus a été crucifié pour Dieu et pour les  hommes.

Tous ceux et celles qui, à la suite de Jésus de Nazareth et sur son exemple, voudront s’engager sur le même chemin de libération et de contestation des structures injustes et aliénantes  pour que soit possible un monde avec un peu plus d’amour, de partage, de paix et de fraternité, feront  eux aussi, inévitablement, l’expérience de la croix .

Lorsque nous luttons contre la rigidité des institutions, la fossilisation des traditions, l’intransigeance des dogmes et des lois, l’attachement  au statu quo et le refus  de toute ouverture et de  tout changement,  nous rencontrons nécessairement la croix

Porter la croix comme Jésus l’a portée signifie se faire solidaires avec tous ceux qui sont en croix  dans le monde entier: c’est-à-dire,  avec ceux et celles qui souffrent à cause de la violence, qui sont pauvres, qui vivent dans des conditions inhumaines; qui sont bafoués dans leur dignité et leurs droits… les défendre, porter  leur cause, lutter pour leur libération, nous oblige à porter la croix  La croix de Jésus et sa mort ont été la conséquence de sa passion pour les petits, les démunis et les abandonnés de ce monde .

La croix constitue le lot obligatoire de tous ceux et celles qui cherchent à être des authentiques disciples du prophète de Nazareth. Suivre Jésus et porter la croix c’est la même chose. Les deux attitudes sont inséparables, au point  que celui qui refuse de la porter, c'est-à-dire, de se compromettre en faveur des  plus démunis de ses frères  ne peut  pas être considéré son disciple.

Jésus a été éliminé comme un criminel dérangeant parcequ’il a été rebelle, révolté, critique, contestataire; parce qu’il ne s’est pas conformé; parce qu’il n’a pas accepté les injustices, les inégalités, la logique du pouvoir, l’exploitation et l’oppression des plus faibles de la part des plus forts; parce qu’il a proposé une nouvelle vision du monde; une nouvelle façon d’être; un nouveau  style de vie; une nouvelle conception de Dieu et de l’homme. Il a été supprimé parce qu’il a prêché des rapports basés non pas sur la stratégie de la confrontation et la politique du pouvoir, mais sur la disponibilité au service et au don de soi; sur  l’attitude de l’amour, de l’accueil, de l’écoute, de la compréhension, du pardon; sur la recherche de la fraternité, de la tolérance, du respect, étant donné que nous sommes tous, pour différents que nous soyons, enfants chéris du même  Dieu.

Jésus n’est pas mort pour plaire à Dieu, mais pour plaire aux hommes: parce qu’il a voulu relever le niveau d’humanité du monde, créer un monde  plus juste et plus humain,  afin que les hommes puissent s’y plaire davantage.

La croix est donc, d’un coté, le symbole du refus de la violation des droits sacrés de Dieu et de l’homme; un produit de la méchanceté et de la haine; et, de l’autre, quelque chose que les personnes qui luttent pour supprimer l’injustice, la souffrance et le mal ,  doivent  porter comme une condition indispensable pour que la croix disparaisse définitivement de la face de la terre.  De sorte que  nous sommes tous attachés à cette croix,  soit pour la porter soit pour la vaincre.

Le Vendredi Saint nous rappelle alors notre destin d’êtres humains et de chrétiens. Humains, dans la mesure où nous évitons de bâtir et d’imposer des croix;  chrétiens, dans la mesure où nous luttons pour que toute forme de croix et d’aliénation disparaissent  à tout jamais de ce monde   sur les pas  du Prophète de Nazareth..

Jésus qui a passé  par tout cela, a transfiguré la souffrance et sa mort en un acte de liberté et d’amour qui se donne et, par là même, en un mouvement de confiance et  d’abandon à Dieu;  ce Dieu qu’il avait toujours considéré comme la source et  le secret de tout amour.

C’est  pour cela que cette vie donnée s’est transformée aussitôt  en vie reçue en plénitude; et que cette descente dans l’enfer de la déchéance s’est  transformée en un triomphe de résurrection. Autant le vendredi saint que Pâques nous apprennent que souffrir et mourir  par amour c’est vivre; et que, finalement,  pour  vivre définitivement et pleinement, il faut  être disposé à perdre sa vie.


BM 



(Cette  réflexion a été inspirée d'une texte paru en espagnol en 2012 sur le site du Servicio Biblico Latinoamericano)