Rechercher dans ce blog

lundi 22 avril 2013

Par où passe notre bonheur


PAR OÙ PASSE NOTRE  BONHEUR
( Jean 10, 27-30)

La figure de Jésus qui se trouve dans l’évangile de Jean est celui d’un Homme que la foi a déjà divinisé  et qui possède donc déjà les attributs typiques de la divinité. Dès le début de son évangile, Jean le présente comme  le Verbe de Dieu, venu habiter parmi nous. Et tout au long de sa narration l’évangéliste met dans la bouche de Jésus des déclarations sur son identité qui décrivent davantage un être divin qu’un être humain: «Je suis la lumière; je suis le pain de vie; je suis  le chemin ; je suis la vérité; je suis la résurrection et la vie…»; et dans le chapitre dix, d’où sont extrait les quelques versets de l’évangile d’aujourd’hui, Jésus dit qu’il est «la porte» par laquelle on rentre dans le bercail  en possession du bonheur,  «le pasteur», pas n’importe lequel, mais  «le bon» pasteur, qui a vraiment à cœur notre bien-être et auquel on s’attache dans la confiance et l’amour. Donc, tout ce que Jean dit de Jésus, nous devons le comprendre comme se référant à Dieu, et comme décrivant les caractéristiques du comportement de Dieu envers nous.

Malheureusement, le contenu de ce texte sur  le «bon berger»  a été déformé au cours de l’histoire du christianisme par une interprétation théologique partisane qui l’a utilisé pour justifier le pouvoir de la hiérarchie et l’autoritarisme de l’Église. Comme si  l'Église était  un peuple de "moutons" qui aurait  besoin d’être conduit. Comme si les chrétiens étaient des enfants incapables de marcher sur le droit chemin et d'accéder à la vérité. Laissés à eux-mêmes, ils oublieraient Dieu et finiraient par tourner en rond, prenant leurs vices pour des vertus et s’égarant ainsi loin des bons pâturages et du salut.

La Bible nous dit que depuis que le monde est monde, il y a toujours eu des bergers qui s'intéressent beaucoup aux brebis, mais pour les exploiter et les "perdre". Ce sont eux-mêmes des «loups» sournoisement pénétrés dans le bercail,  dit le texte évangélique. On peut "avoir" de la religion, mais en réalité l'utiliser comme un instrument pour gagner de l'argent, du pouvoir, de l'influence, une position. Jésus en était conscient et il affirme catégoriquement: «Tous ceux qui sont venu avant moi, sont des voleurs et des brigands». Ils ne parlent pas à leur brebis, ils ne les écoutent pas, il n’y a aucun dialogue, aucune communication, aucune communion. Tout autre est selon Jean le comportement de Dieu, le «bon» pasteur, manifesté en Jésus. L’évangéliste fait dire à Jésus : «Moi, au contraire des autres pasteurs,  je  connais  «mes» brebis; je les connais par  leur nom. Elles ne sont pas des numéros sur une carte d’assurance sociale, des citoyens imposables, des sujets à utiliser. Ils sont des personnes avec une identité, dont je connais la vie, les sentiments, les besoins. Je leur parle au cœur et les brebis connaissent ma voix, elles m’écoutent et me suivent, car je suis leur ami, prêt à tout pour elles, même à donner ma vie pour qu’elles puissent vivre en sécurité et profiter joyeusement des pâturages. Le verbe «connaitre» revient continuellement, comme un refrain, dans ce chapitre dix de l'évangile de Jean, Or, dans la Bible le verbe «connaitre» est utilisé pour indiquer la relation d'intimité qui existe entre deux amants. Il qualifie donc une relation d'amour  profonde, personnelle et exclusive.

En parlant avec ses "brebis", le "berger" de Jean utilise donc le langage de l'amour. C'est à ce langage que l'on reconnaît la véritable religion. La relation de Dieu à l'homme est un pur dialogue d'amour. Dans cet échange, nulle hostilité, nulle menace, mais seulement attention, affection, grâce, amitié et amour. C'est de ce langage d'amour que l'homme a besoin, car il lui permet de se découvrir lui-même comme être accepté et voulu. C'est bien de cela et uniquement de cela que Jésus parle. La Bible ne prête qu'à Dieu cette capacité de connaître quelqu'un jusqu'au fond de son être de telle sorte que tout ce qu'il lui dit provoque son épanouissement. Désormais, c'est avec Jésus qu'on peut réaliser ce genre de dialogue : ses mots vont au cœur de l'homme, libèrent ses songes, ses désirs, son espérance, ses attentes si souvent déçues. A tout cela, il redonne vie. Pour reprendre l'image de l'évangile, ils appellent l'homme à sortir de son enclos et, faut-il ajouter, à se lancer librement dans la nature, là où il pourra lui-même chercher et trouver sa nourriture et son bonheur.

C’est l’essentiel de toute religion : sentir que nous sommes portés par et reliés à une puissance d’amour  qui fonde la vérité de notre personne, car elle nous permet d’exister dans l’estime de nous mêmes et la  conscience de notre valeur; de nous accepter tels que nous sommes, sans honte, sans complexes, sans peurs, sans angoisses, malgré nos failles et nos limites, malgré le caractère superflu et éphémère de notre existence…et de vivre ainsi dans la confiance.

La découverte que quelqu'un s'adresse à nous dans le désert de notre vie, que nous sommes recherchés,  reconnus, estimés et aimés, en dépit de notre insignifiance, est la seule chose qui puisse nous arracher à notre solitude. Alors grandit en nous le sentiment que nous pouvons enfin vivre, jouir d'une vie riche, pleine, "rassasiée", convaincus, comme disait Jésus, que rien ni personne ne pourra nous arracher de la main de ce Dieu qui nous aime avec la fierté d’un  père et la tendresse d’une mère...et la passion d'un amant. Car, finalement, Dieu et nous, nous ne faisons plus qu’un dans cette communion qui nous attache à lui à tout jamais. Qui donc nous a constamment enseigné que la religion est tristesse, ascèse, renoncement, oubli de soi-même? Ce que Jésus entend  nous apporter, nous dit cet évangile, n'a rien qui vienne contredire l'aspiration humaine au bonheur, à la joie, mais ne fait, au contraire, que nous révéler la richesse insoupçonnée de la vie. Il nous faut l'accueillir par tous nos sens, par toutes nos pores; goûter Jésus lui-même comme on goûte la présence d’un amour ou d’un ami; comme on goûte le pain et l'eau, le soleil et la lumière sur la peau; se découvrir à l'abri près de lui, comme un petit chien blotti dans la chaleur de son maître; comme une brebis près de son pasteur, celui qui n'abandonne jamais son troupeau.

Certaines expériences peuvent nous donner une idée de ce qui se passe dans la vie d’une personne  lorsqu’elle est capable de s’établir dans une relation authentique avec ce vis-à vis divin qui fonde la vérité de son être et le sens de son existence: cette personne est assurée contre  la mort; cette personne a pour elle une promesse de vie éternelle: « A mes brebis …je leur donne la vie éternelle». Un exemple : voici deux personnes qui s'aiment depuis des années, mais qui ne cessent de se reposer la même question: «Qu'allons-nous devenir ? Que peut-il nous arriver ? Que se passera-t-il si nous tombons malades ou si des exigences professionnelles viennent à nous séparer ? Les circonstances de la vie sont si imprévisibles... La seule chose que nous puissions faire maintenant, c'est de nous assurer et de nous promettre que nous ne nous séparerons jamais». Mais qui peut assurer à l’amour une qualité d’éternité? Qui peut donner aux amants l’espoir que leur amour survivra au delà de leur finitude et de leur mort ? Seule la religion peut conférer à cet espoir et à cette promesse une possibilité de vérité et un cachet d'éternité. Elle permet de dire que même si la mort vient séparer les deux êtres qui s'aiment, cela ne changera rien à la réalité et à la continuité de leur amour. La religion vient en effet nous annoncer qu’en Dieu tout amour est, pour ainsi dire, cautionné, préservé et sauvé. Ce sentiment de se trouver à l'abri dans un espace protégé, maternel aussi bien que paternel, constitué par cette présence amoureuse de Dieu qui nous couvre, pour ainsi dire, continuellement de son ombre, nous donne une confiance que rien ne peut ébranler.  

Jésus est vraiment le bon berger de nos âmes, car il est celui qui, nous prenant par la main, nous conduit sur les chemins d’une confiance inconditionnée vers ce Dieu qui, par son amour, en  nous libérant de toute angoisse et de toute peur, nous réconcilie avec nous mêmes, nous rétablit dans la joie de vivre et fait en sorte que, finalement, nous nous sentions chez nous même dans un monde cruel et difficile. On peut dire que, d’une certaine façon, il nous fait retrouver le paradis perdu. Suivre ce berger ou pas, il s'agit pour nous vraiment d'un choix dans l’orientation fondamentale de notre existence, qui équivaut à un choix de vie ou de mort. Quand l’ombre de notre mort nous hante, on peut, on doit croire que Dieu, en Jésus, vient nous prendre par la main pour nous reconduire dans sa bergerie, en ce lieu de sécurité où nous nous retrouverons chez nous pour toujours.  

   MB (réflexion inspirée par le Commentaire de E. Drewerman à l'évangile de Jean)

dimanche 14 avril 2013

Vivre avec l'oreille tendue à la voix sur l'autre rive


COMMENT  SURVIVRE AUX TEMPÊTES DANS NOS VIES 

(Jn 21,1-19)

Ce récit est une parabole de notre vie. Il cherche a nous dire quelles sont les caractéristiques d’une vie humaine qui soit vraiment réussie et signifiante.

Les disciples sont décrits ici comme ayant repris leur métier d’antan. On les sent  frustrés, déçus, désenchantés après leur aventure avec le prophète de Nazareth, finie en queue de poisson. Il y a ici une allusion voilée, mais réelle, au caractère dramatique et cruel de l’existence lorsqu’elle n’est pas soutenue par la confiance qui vient de la foi.  Presque jamais dans la vie on n'obtient les résultats que l’on espère. Rarement nos accomplissements sont à la hauteur de nos attentes et il y a si peu de rêves qui deviennent réalité. Même maintenant, ces hommes sont là à s’échiner à la besogne, au bout d’une longue nuit, épuisés par un travail ingrat…. et les filets toujours vides.

Remarquez les images qui composent ce récit comme une toile de fond et qui reviennent sans cesse: la nuit, le lac, l’eau, la barque, les filets, les poissons, la voix, le rivage. Dans la Bible la nuit est le symbole de nos égarements, de nos aveuglements, des pulsions obscures en nous qui cherchent à nous diviser. La mer ou le lac, avec les eaux profondes, insidieuses, est le symbole de tous les dangers qui guettent notre voyage vers l’autre rive; une traversé sans cesse menacée par les vents et  les tempêtes qui risquent à tout instant de faire couler notre bateau.

Plus notre voyage avance dans la nuit des années de nos luttes, de nos misères et de nos épreuves, plus nous approchons de l’aube. Et quand le nouveau jour se lève, nous sommes obligés de faire le bilan de nos vies. Alors, c'est comme si un appel nous arrivait de l'autre rivage; comme si quelqu’un  nous demandait ce que nous portons dans la cale de notre bateau. Il s'agit d'une voix amicale qui nous interpelle, une voix qui nous rappelle que nous sommes, malgré tout, des « petits enfants» aimés par Dieu et que, par conséquent, notre bateau devrait  être rempli de toutes ces bonnes choses que les enfants de Dieu sont capables de produire et qui devraient pouvoir satisfaire notre faim et notre soif de bonheur, de sécurité et de salut. La voix qui vient de l'autre rive nous demande: «Qu’est ce que vous avez de bon dans votre barque? Quelles valeurs transportez-vous? Avez-vous du poisson?». Quelle tristesse, si après tant d'efforts, après tant de travail, après tant de temps passé à lutter contre les intempéries et les dangers de la mer, après un longue vie en quête de fortune et de félicité, quelle tristesse si nous devions répondre comme les pêcheurs de ce récit : « Non, nous n'avons rien de bon. Nous n’avons rien ramassé qui vaille la peine. Nous n’avons rien pris qui puisse satisfaire notre faim ; notre bateau est vide, nous avons travaillé toute la nuit pour rien ! »

Ceux qui, malheureusement, arrivent à la fin de leur voyage avec le bateau vide, ce sont  ceux qui  se sont laissés fourvoyer par d’autres sirènes, d’autres sollicitations ; ce sont ceux qui se sont laissés séduire par d’autres appâts, qui ont suivi d’autres appels et n’ont pas porté attention à la voix qui leur venait de l'autre rivage.

Selon l'Évangile d'aujourd'hui, l’autre rivage c’est le lieu où se trouve maintenant notre véritable ami, notre Maître et notre seul et vrai Seigneur, ressuscité d'entre les morts et présent à travers sa Parole et son Esprit. Si nous voulons que notre bateau arrive sain et sauf sur la rive de l'éternité, chargé de bonnes choses, nous devons vivre avec l'oreille continuellement tendue à l’écoute de sa voix, afin de nous laisser pénétrer et transformer par la force et la grâce de sa Parole. Et cette voix nous dit que pour réussir notre vie nous devons lancer «à droite» nos filets.

La  «droite» dans la Bible, est le lieu de la présence et de l’énergie vivifiante de  Dieu: «Je garde sans cesse le Seigneur devant moi, parce qu'il est à ma droite, je suis inébranlable" (Ps 16, 8). La droite indique le lieu de la force divine qui guérit, qui renouvelle et qui sauve. Ainsi le prophète Ézéchiel dans une vision voit jaillir du côté droit du temple un fleuve«d'eau vive» qui guérit tout ce qu’il rencontre sur son passage (Ez. 47,1). Sur le Golgotha, c’est le larron crucifié à la droite de Jésus qui entre avec lui au paradis. Encore sur la croix,  c’est de  son côté droit transpercé de Jésus que sortent l'eau et le sang, symboles des sacrements qui sauvent. Dans l'évangile, il est dit que Jésus, après sa mort, est assis à  la droite de Dieu, pour indiquer qu'il vit maintenant glorieux et transfiguré dans sa vie et sa présence. A la fin du monde, lors du jugement dernier, les justes seront placés à  droite et les méchants à gauche, pour signifier que les premiers seront proches et les autres éloignées de Dieu.

Jeter les filets «à droite»  signifie alors vivre et travailler avec Dieu et en la présence de Dieu. Cela signifie garder notre vie orientée vers Dieu et notre prochain. Cela signifie être réceptif et sensible à cette voix qui nous appelle de ce rivage lointain vers lequel se dirige le bateau de notre existence.

C’est seulement  ainsi que notre vie devient féconde, que notre barque se remplit et que nous ne risquons pas de voguer inutilement. C'est pour cela que dans l'Évangile d'aujourd'hui il est dit que la barque se remplit presque jusqu’à couler lorsque les apôtres jettent les filets à droite, obéissant à la parole du Seigneur.

Non seulement cela, mais si nous vivons ouverts à Dieu; si nous travaillons en faisant le bien, notre cœur, notre esprit et toutes nos facultés deviendront nécessairement plus sensibles aux valeurs de l’esprit. Nous deviendrons alors des personnes capables de vibrer en harmonie avec Dieu et peut-être s’allumera en nous le désir de découvrir les signes de sa présence et d’expérimenter le bonheur de le sentir proche et comme une partie intégrante de notre existence.

Cette capacité à reconnaître le Seigneur et cette impatience de le rencontrer sont exprimés dans l'évangile d'aujourd'hui par le cri du disciple que Jésus aimait "C'est le Seigneur» et par le geste passionné, fougueux et un peu fou de Pierre qui se jette à l'eau pour arriver plus vite auprès de son Seigneur.
Et chose étrange! Jésus sur la rive où il nous attend n'a pas besoin de nos poissons. Les poissons que nous avons pris, à savoir les bonnes œuvres que nous avons accomplies lors de notre passage en ce monde n’ont été qu’un moyen  pour nous garder ouverts à Dieu et à nos frères. Ils ne servent pas pour notre repas, c’est-à- dire, pour notre bonheur et notre salut. Jésus a déjà préparé pour nous la nourriture que nous rassasiera lorsque nous l’aurons rejoint sur l’autre rive. Cela signifie que notre salut est gratuit; qu’il est un don et une grâce que nous recevons uniquement de la bonté et de l'amour de Dieu et qu’il n'est pas un droit que nous avons acquis à cause de nos mérites et de nos bonnes œuvres.

Chaque fois que nous nous réunissons pour l’Eucharistie du dimanche, nous reconnaissons  que le Seigneur est présent parmi nous et qu’il nous nourrit du repas qu'il a préparé afin que nous ayons les forces nécessaires pour  le rejoindre un jour sur le rivage de l'éternité.



MB

Regarder notre vie avec les yeux de la raison ou avec les yeux de la foi


Le mystère  d’Emmaüs


            Voilà deux hommes complètement anéantis par des événements qui bouleversent leur existence. Ils pensaient avoir trouvé un sens à leur vie. Ils pensaient avoir finalement trouvé leur chemin, avoir rencontré la bonne  personne, le bon parti, la bonne profession, être arrivés au bout de leurs recherches, de leurs  peines. Le succès semblait être vraiment à la portée de la main… Ils avaient commencé à faire des projets. Ils se sentaient  heureux parce que la vie semblait leur offrir de belles possibilités de réalisation, de bonheur... Et voilà que subitement  tout s’écroule … la catastrophe, la disgrâce, l’épreuve qui chavire la vie, qui renverse tous les plans, qui anéantit tous les rêves et tous les espoirs; qui oblige à se confronter au caractère impitoyablement tragique, fragile, provisoire de nos réalisations et de notre existence.

            Les deux disciples de l’évangiles incarnent ce que nous tous expérimentons et vivons. Ils sont comme le symbole et la personnification de tous nos chagrins, de nos contrariétés, de nos regrets, de nos désabusements, de nos désillusions, de tout ce qui dans notre vie est souvent si dur, si difficile à accepter et à dépasser. Que de fois nous aussi, en regardant en arrière au vécu de notre vie, nous avons soupiré cette même phrase  «  Ah, j’espérais, je pensais que c’était ça ce que je devais faire, dire!… . J’espérais avoir fait le bon choix en me lançant dans ce travail, dans cette profession dans cette carrière… mais voilà que le travail est devenu une corvée, il m’écœure, il me stresse, il m’épuise, je n’ai plus de temps pour moi, il m’empêche de vivre,  parce je ne me réalise pas dans ce que je fais.  Je pensais que c’était lui, elle la bonne  personne; que c’était lui, elle l’amour de ma vie, celui ou celle qui m’aurait rendu heureux. Quand je l’ai marié, je pensais qu’il était bon, comique, attentif, gentil, tendre, romantique… et voilà, qu’avec le temps, j’ai découvert qu’il était tout autre: plat, mesquin, égoïste, colérique, infidèle. »

            Nous, les parents, nous avions fait tellement de projets pour  nos enfants… nous espérions pour eux un bel avenir, un mariage réussi; nous espérions recevoir d’eux de l’affection, de l’attention, de la proximité, de l’aide…. Mais à la place de cela, nous avons rencontré l’égoïsme, l'incompréhension, la querelle, l’agressivité, les disputes, la haine, la violence, la séparation, le divorce. Nous avons rencontré l’indifférence, l’abandon, la solitude.

            Nous pensions avoir une bonne santé, être en bonne forme… et voilà  l’accident, la maladie ... Nous pensions vivre longtemps, avoir une vieillesse heureuse, entourés de la sollicitude, de l’attention de nos proches, de nos amis, et nous voilà menacé par un mal incurable… nous voilà délaissés, abandonnés, oubliés...

            Un divorce, une séparation, une trahison, une peine d’amour, une faillite, un accident de la route, une maladie, un cancer, un infarctus, un décès….et voilà que pour nous aussi tout bascule, et voilà que nos projets tombent à l’eau ...voilà que toute notre existence est désorganisée… nous voilà désemparés, égarés, effrayés; nous  voilà à bout, dégoûtes, complètement vidés, déçus de la vie; angoissés. 

            Certes,  nous savons que dans la vie nos réalisations et nos accomplissements  ne sont que rarement à la hauteur de nos aspirations et de nos attentes. Certes, nous savons que la déception et le désenchantement font partie de la vie parce que nous ne réalisons qu’une infime partie de nos rêves et de nos désirs…, mais quand cela nous arrive à nous  personnellement,  nous ne sommes pas capables d’assumer cette attitude  de résignation et d’acceptation. Nous sommes davantage  portés à la révolte .

             Qui de nous n’a pas été tenté de penser que la vie est souvent plus une punition qu’un don ? Qui de nous n’a pas fait l’expérience du caractère cruel, tragique, douloureux de l’existence? Qui de nous n’a pas eu la l’impression que, dans ce monde, Dieu est absent,  indifférent  à notre sort, à notre douleur et à notre misère et d’avoir été abandonné par lui?  Qui de nous n’a pas douté des paroles de l’évangile et de l’Église qui affirment que le royaume de Dieu est parmi nous; que Dieu est avec nous jusqu’à la fin des temps; que  le monde est sauvé; que nous sommes tous les enfants  chéris de Dieu; des enfants qu’il protège, soigne, sauve avec tendresse et amour? Où est-il cet amour de Dieu, lorsque, autour de nous et dans le monde, nous voyons tant de larmes,  tant de misères, tant de souffrances? Est-ce de cette façon que Dieu aime ces enfants?

            Voilà ce que pensaient les deux disciples lorsque, après avoir abandonné pour toujours la Jérusalem de leurs certitudes et de leurs espoirs effondrés, ils cherchaient à prendre un autre chemin afin de soigner leur cœur meurtri et remettre ensemble les morceaux de leur vie décomposée. Les voilà donc engagés sur la route d’Emmaüs, la route qui représente nos désirs de fuite; nos tristesses, nos rêves brisés, nos attentes déçues. 

            Tant et aussi longtemps que, comme les deux disciples, nos regarderons aux événements de notre vie avec les yeux de notre raison et de nos peurs, nous ne verrons en Jésus (qui ici représente la partie la meilleure de nous mêmes) qu’un homme perdu, raté, battu, fini et à jamais détruit  par la honte et l’échec de la croix. Mais si nous regardons avec les yeux de la foi et de la confiance, nous verrons les choses différemment. Nous verrons toujours pointer la lumière de Pâques au-delà des ténèbres du vendredi saint. Nous nous apercevrons que la vie, la vraie vie, ne se réalise jamais d’une façon linéaire, selon un plan préétabli à l’avance; mais que la vie, et la nature nous en donne une confirmation constante, naît, se forme, grandit, se développe, s’épanouit à travers un jeu complexe d’essais chaotiques, de fautes et d’erreurs, de défaites, d’échecs, d’insuccès, de tâtonnements, de reprises, de recommencements. Nous voyons qu’il n’y a pas d’avancement, de croissance intérieure et personnelle sans un certain dépouillement de nous mêmes, sans une certaine capacité de notre part à nous délester de nos pesanteurs, de nos chaînes,  des attaches qui nous emprisonnent ; sans une certaine capacité aussi à casser, à détruire en nous certaines  façons de vivre, de communiquer, d’agir et de penser. Notre vie est comme une statue qui ne peut prendre forme que sous les coups du marteau du sculpteur. Il faut souvent  beaucoup de coupures, beaucoup de brisures, beaucoup de blessures, beaucoup de coups, pour que puisse apparaître l’authentique  image de nous mêmes ou le vrai visage de notre être véritable.

            Si nous regardons avec les yeux de la foi et de la confiance notre vie, nous nous apercevrons, avec surprise, que, finalement, rien de ce qui nous est arrivé a été le fruit du hasard. En regardant avec un certain recul, nous finissons par voir que ce qui, au début, nous apparaissait comme une épreuve insupportable, une disgrâce terrible, une fatalité dramatique, s’insère en réalité dans un plan providentiel d’ensemble qui nous a conduit à un surplus d’être; qui nous a amené à devenir meilleurs, puisqu’il nous a offert l’opportunité de croître en endurance, en patience, en amour, en compréhension, et, finalement donc en humanité. Nous sommes devenus plus riches en humanité, et donc de meilleurs  hommes et de meilleures femmes.

            Pour reprendre l’image de l’évangile d’aujourd’hui, en regardant notre vie avec les yeux de la confiance, nous finissons par nous apercevoir que nous n’avons jamais marché tous seuls sur la route de la déception et de la souffrance, mais que derrière la sensation d’absence, de solitude et d’abandon  que nous avions si souvent expérimenté, se cachait néanmoins une Force, une Présence, un Amour, une Bonté qui nous a toujours accompagné. C’est le message que veut nous laisser l’évangile d’aujourd’hui: tu n’es jamais seul. Tu n’es jamais abandonné. Tu n’es pas une plume qui vague sans but à la merci aveugle du vent. Si ton cœur a été capable de s’ouvrir à cette foi et à cette confiance que Jésus nous a enseignée et communiquée, tu découvriras que ta vie entière est dans les mains d’un Dieu-Père, qui te porte sur la paume de sa main,  qui fait toujours route avec toi et qui t’enveloppe continuellement de son attention et de sa tendresse.

            Il est là, nous dit l’évangile, à côté de toi, sur le chemin d’Emmaüs. Il est là, à côté de toi, dans l’intimité de ta maison. Il est là, assis avec toi à la même table, en train de manger le même pain! A toi de découvrir sa présence! Quelles images magnifiques pour nous faire comprendre la proximité de notre Dieu et la confiance qui doit soutenir notre vie si nous voulons quelle soit réussie et sauvée!  

MB

lundi 8 avril 2013

Nos résurrections


Thomas le disciple qui avait perdu ses mains

(Jean 20, 19-31)


La figure de Thomas apparaît presque exclusivement dans l’évangile de Jean. Il est celui qui est prêt à mourir pour le Seigneur (Jn 11,16), celui qui veut connaître le chemin que Jésus va prendre pour pouvoir le suivre jusqu’au bout (Jn 14,5). Il est celui qui ne réussit pas à croire comme les autres (Jn 20, 24-29). Et, pour moi, il est aussi une des figures les plus attachantes et les plus inspirantes du Nouveau Testament. Voyons ce qu’il a à nous enseigner aujourd’hui.

N’oublions pas que dans son évangile Jean parle par images et symboles et que presque tout ce qu’il écrit doit être déchiffré et interprété si l’on veut atteindre le vrai sens de son message. Je veux attirer votre attention sur deux symboles particulièrement  importants dans cet évangile.

Premier symbole: le nom. Lorsque l’évangéliste Jean parle de l’apôtre Thomas, il lui accole toujours le surnom "didymos", le "jumeau". C’est intentionnel. À cette époque, ce terme signifiait "le mâle", l'homme solide, celui qui se tient debout, celui sur lequel on peut compter. Mais ce terme évoquait aussi l'attitude de quelqu'un qui est comme doublé, divisé en lui-même, en recherche d'une identité qu'il ne réussit pas à trouver; vivant à l’ombre de l’autre qui prend souvent trop de place. D'où l'importance donnée à ce surnom. Thomas est un homme qui ne donne pas sa confiance facilement, qui a peur, qui hésite, mais une fois sa confiance donnée, c’est pour la vie. C’est donc l’homme qui n’est pas très sûr de lui-même, qui a besoin de s’appuyer, qui peut s’emballer pour une cause, un projet, une personne, une amitié et y consacrer sa vie; mais c’est aussi la personne capable de tomber dans la dépression la plus profonde s’il est déçu dans ses affections, ses attentes et ses espoirs.

Deuxième symbole. Pour décrire la relation qui existe entre Thomas et Jésus, Jean a recours au symbolisme de la main. Vous remarquerez comme ce mot revient en continuation dans ce bref récit. Cherchons à découvrir le message qui s’y cache.   

Chacun de nous a pu s'émerveiller du langage gestuel des sourds et muets qui, utilisant uniquement leurs mains, réussissent à communiquer entre eux, à échanger leurs sentiments, et concevoir une vie normale. Par cet échange on peut dire que la main parle et que les yeux écoutent.
Ils peuvent faire cela parce que la main est le complément de l'esprit, l'instrument qui projette la pensée par les actes. La main donne, reçoit, s'ouvre ou se ferme, caresse ou blesse, fait du bien ou fait du mal, fait jouir ou fait souffrir, selon ce que l'esprit veut exprimer. La qualité de la main et des gestes qu’elle pose devient ainsi la manifestation de la qualité de la personne et de la richesse ou de la pauvreté de son cœur, de sa grandeur ou de sa médiocrité.

D'ailleurs ne dit-on pas "ton destin est entre tes mains" ou "ouvrir sa main, c'est ouvrir son cœur", "je me suis mis entre ses mains". Ce qui signifie que chaque individu est responsable de son existence et de l’amour avec lequel il la vit et que l’on peut tranquillement s’abandonner aux bons soins d’un autre. Ainsi "demander la main" de quelqu’un, c’est vouloir le faire entrer dans l’intimité de notre vie. La main indique alors la profondeur la plus mystérieuse, la plus attrayante et la plus valable d’une personne. Mettre nos mains dans les mains d’un autre, lui tenir la main, lui serrer les mains, c’est lui exprimer qu’il est notre ami, qu’il a notre confiance, notre amour et que nous sommes prêts à faire avec lui un bout de notre chemin et peut-être aussi à partager avec lui les meilleurs projets de notre existence.  

Thomas était l’homme qui avait mis sa vie entre les mains de Jésus. C’était l’homme qui aurait voulu partager son chemin, son destin, qui aurait été prêt a mourir pour lui et avec lui; qui voulait rester toujours près de lui, en le tenant, pour ainsi dire, par la main, comme un enfant…. et qui, soudainement, avec l’exécution du Maître, voit son amour se perdre et tout s’effondrer autour de lui.
La seule chose qu'il peut éprouver devant l'euphorie des autres qui lui annoncent d’avoir vu le Seigneur à nouveau vivant, c'est du scepticisme et presque de la colère. En la personne de Jésus, on avait  tué celui qui était tout pour lui. Personne ne pourra le faire revenir de la mort. D'une certaine façon, cette agressivité dans le deuil est le pendant masculin de l'attitude amoureuse et plutôt passive de Marie de Magdala en larmes devant le tombeau vide. Devant sa déception, devant son drame personnel, devant son amour brisé à tout jamais, tout ce que les autres peuvent lui dire résonne en lui comme des balivernes inutiles. Thomas reste barricadé dans son chagrin, verrouillé dans son angoisse. Le contact avec les autres est pour le moment interrompu. Toute personne en deuil, surtout en deuil d’amour, est en quelque sorte renvoyée à elle-même, car, ayant perdu sa  raison de vivre, elle se trouve plongée dans une terrible solitude. La mort du maître avait été aussi sa mort. Pour Thomas aussi la vie s’était arrêtée. Il était comme figé, bloqué, incapable de trouver un sens et de donner un mouvement à son existence. C’est comme si on lui avait coupé les mains. C’était comme si ses mains aussi avaient été clouées. Dans cet état, comment avoir encore envie de saisir la vie, de tendre à nouveau les mains pour toucher au bonheur de vivre? Comment pouvoir recommencer à vivre? Pour Thomas, la mort de Jésus revient à l'obliger à prendre sa propre vie en mains. Cette vie qu’il avait pourtant mise entre les mains de Jésus…Mais comment cela sera-t-il possible ?

Pour pouvoir recommencer à vivre Thomas doit sentir que le lien avec Jésus n’est pas brisé. Il doit se rendre compte que Jésus en réalité ne l’a jamais quitté, qu’il est toujours avec lui, à ses côtés, puisque son Esprit, sa présence et l’amour qu’il ressent pour lui remplissent et configurent toujours sa vie. Il doit  sentir qu’il tient toujours la main de son Seigneur et qu’il continue à être entre ses mains et que, par conséquent sa vie peut reprendre et ses mains à nouveau se déplier. Et c’est ce miracle de résurrection dans le cœur et dans la vie de Thomas que Jean décrit ici à travers le symbolisme et le jeu de ces mains tendues, de ces doigts avancés qui cherchent à rétablir le contact avec la présence vivante du Seigneur.

Le désir de Thomas de  toucher Jésus, ses plaies, son côté percé, renvoie au souvenir de tous les élans de cœur échangés avec le Maître, à tous les sentiments aussi qu’il a dû étouffer et faire mourir et qui resurgissent maintenant comme une pulsion irrésistible et qui deviennent la preuve intime que le Maître est toujours à ses côtés. Et l'apparition de Jésus vivant qu'il appelle de tous ses vœux consiste alors à retrouver la confiance, à pouvoir ressentir à nouveau ce dont la mort de Jésus l'avait privé.

 «Tends, avance  tes mains, tu peux à nouveau me saisir», lui dit Jésus. Ainsi comprise, la permission que lui accorde Jésus ne survient pas de l'extérieur, mais du fait que tout à coup Thomas le retrouve finalement à l’intérieur de lui-même. Il s'agit d'une expérience intime, très fine, qui permet à Thomas de découvrir en la personne de Jésus, ce qui le fait vraiment vivre. On peut résumer toute la péripétie spirituelle de Thomas en ce cri, ou plutôt en ce soupir d’amour qu’il adresse à Jésus du fond d’un cœur qui a repris à battre: "Mon Seigneur et mon Dieu.". C'est, bien sûr, l'écho de la première confession de l'Église primitive et le résumé de tout l'Évangile de Jean. Mais nous sommes désormais en mesure de comprendre la complexité  de ce cheminement de foi, le temps de maturation de la souffrance qui aura été nécessaire pour pouvoir faire ce pas et découvrir que la reconnaissance de Jésus, Seigneur et Dieu, passe par la guérison de soi-même. 

    MB 

mardi 2 avril 2013

LA FOI EN LA RÉSURRECTION


La signification de la foi en la résurrection de Jésus


On peut faire toutes sortes d’hypothèses pour chercher à expliquer le mystère de la résurrection du Seigneur, cependant une chose est historiquement certaine: après la mort de Jésus quelque chose d’extraordinaire s’est passé dans le cœur et dans l’esprit de ses disciples. Les disciples ont vécu une expérience humaine et spirituelle unique et puissante. Ils ont été saisis et bouleversés par une certitude étrange: Dieu était intervenu pour ratifier la vie, l’action et l’enseignement de Jésus; Dieu avait pris Jésus avec Lui; Jésus était vivant avec Dieu et en Dieu. Donc, son projet, son rêve (d’un monde conduit par les valeurs de Dieu), n’étaient  pas morts avec lui, mais ils continuaient après sa mort. Et cela d’une façon d'autant plus puissante et efficace que sa cause avait eu l’appui de Dieu lui-même.

C’est fondamentalement ce fait qui a contrarié au plus haut degré les autorités religieuses juives de ce temps. Elles pensaient en avoir terminé une fois pour toutes avec le cas Jésus de Nazareth, et avoir mis une pierre sur le mouvement spirituel issu de sa prédication. Ce qui les a totalement déstabilisées et renversées, ce n’est pas tellement le fait, réel ou pas, d’une supposée résurrection physique de celui qu’elles avaient éliminé, mais le fait que son enseignement, son  message, son esprit  reprennent vie de plus belle, même après sa mort. Pour eux, Dieu ne pouvait pas avoir agi en faveur de ce délinquant crucifié.

La foi des disciples en la résurrection de Jésus, n’était pas tellement l’affirmation d’un fait physique et historique, ni l’affirmation d’une vérité théorique abstraite, comme pourrait être la croyance en une vie après la mort, mais cette foi était plutôt constituée par la conviction que la Cause de Jésus avait reçu l’approbation de Dieu et que c’était donc une Cause qu’il fallait à tout prix perpétuer, pour laquelle il valait la peine de se battre et de mourir et que c’est pour cela que Dieu, à travers Jésus, les avait choisis.

Croire en la résurrection de Jésus signifiait donc pour ses disciples croire que sa parole, son projet, son utopie, pour ainsi dire, entraient dans le plan de Dieu  et que leur mise en œuvre (réalisation) marquait un nouveau tournant dans l’histoire humaine et constituaient donc maintenant le but fondamental de leur vie.

Le christianisme est né de cette foi et de cette conviction. Si notre foi reproduit la foi de Jésus (sa vision de la vie, son idée de Dieu et de l’homme, ses valeurs, ses options religieuses, sociales et politiques, ses dispositions faces aux pauvres, aux fautifs, aux non-conformes, son attitude face au pouvoir, etc.), elle sera aussi difficile et conflictuelle que la sienne et que celle des premiers témoins de l’évangiles. Elle engagera notre vie dans un combat sans répit contre les puissances de ce monde. Mais c’est seulement à ce prix que sa cause pourra se frayer un chemin et semer des graines de résurrection et de vie nouvelle dans notre humanité.

Par contre, si nous réduisons la résurrection à une simple croyance en une survie au-delà de la mort, ou, dans le cas de Jésus, en un fait physique et historique miraculeux survenu il y a deux mille ans en Palestine, alors une résurrection de ce genre est vide de tout contenu pour ce qui concerne la cause de Jésus. Elle n’a de sens et d’importance pour personne. Elle ne mobilise personne pour continuer l’œuvre et la Cause du Maître de Nazareth. Elle n’irrite, ni ne préoccupe aucune autorité, ni aucun pouvoir de ce monde. Elle se réduit en un miracle accompli par la toute puissance divine, qui suscite tout au plus notre stupéfaction, mais qui ne change en rien ni notre vie, ni l’histoire des hommes.

Ce qui est important  donc ce n’est pas tellement de croire en Jésus, mais de croire comme Jésus. Ce n’est pas d’avoir foi en lui, mais d’avoir sa même foi. Si nous sommes animés et transportés par sa foi, nous nous apercevrons que le monde d’en haut et le monde d’en bas ne sont pas deux mondes opposés et séparés,  mais deux réalités qui fusionnent l’une dans l’autre. À nous autres, les croyants en Jésus, incombe la tâche de les découvrir, de les rapprocher, de faire naître et apparaître le monde d’en haut dans le monde d’ici-bas, pour qu’il soit ensemencé par les valeurs de Dieu, de la même façon que ces valeurs ont imprégné l’âme et l’esprit de Jésus et transfiguré toute son existence. «Cherche les choses d’en haut», comme le demandait saint Paul aux chrétiens de son temps, c’est vouloir réaliser en notre monde la cause de Celui que nous, les chrétiens, refusons de considérer comme effacé pour toujours de la terre des vivants.

MB


(Inspiré d’une réflexion en espagnol du Servicio Bíblico Latinoamericano)