Rechercher dans ce blog

jeudi 27 août 2015

Jésus de Nazareth est encore mon meilleur choix…



Voulez-vous partir vous aussi ? «Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ? Tu as les paroles de la vie !
(Jn. 6, 66-70)


Que de fois cette interrogation que Jésus adressait à ceux et celles qui l’entouraient m’a mis en crise. Que de fois en tant que chrétien, en tant que croyant, en tant que catholique, j’ai été tenté de répondre oui à cette question de Jésus… tenté de tout lâcher, de tout abandonner, de claquer la porte sur une Institution qui n’a cessé de me décevoir. Au cours des siècles elle n’a pas toujours été un témoin exemplaire de fidélité à son Fondateur ; elle a défiguré et corrompu son message. Ses clercs se sont transformés en fonctionnaires qui ont mis la recherche du pouvoir, de l’argent, des honneurs et du prestige au-dessus de l’annonce de l’évangile et du bien spirituel et humain de leurs fidèles.

Dans l’Église, j’assiste encore aujourd’hui à un autoritarisme qui écarte, qui exclue, qui condamne, qui punit toute dissension, toute divergence d’opinion, toute nouvelle interprétation de la doctrine traditionnelle. Dans cette Église, je vois une hiérarchie figée et bloquée par la hantise de la fidélité à une tradition qui est souvent dépassée et, aujourd’hui, souvent inacceptable. Une autorité incapable de comprendre les problèmes existentiels des gens et d’accueillir les défis de la modernité. Un magistère à qui manque le courage de faire du nouveau, d’inventer de nouveaux rites, de nouveaux gestes signifiants pour l'homme moderne; qui n'accepte pas de s’exprimer dans un langage nouveau, compréhensible à tous; qui hésite à s’ouvrir à de nouvelles façons de comprendre et de transmettre le message de Jésus… Je vois une hiérarchie cafardeuse, amère, aigrie, peureuse, pessimiste, qui n’ose pas prendre de risques, qui ne fait pas confiance à l’Esprit et au bon sens des fidèles; qui ne veut rien changer de ses lois vétustes, dépassées, même lorsque celles-ci sont carrément nuisibles au développement d’une authentique vie chrétienne, car souvent elles handicapent l’existence des communautés, en les empêchant de vivre la pratique de la foi d’une façon pleine, riche et épanouissante…

 Mais où aller? J’appartiens à cette Église. Cette Église est ma patrie, ma maison, ma mère! C'est à son sein que je me suis nourri. C’est dans ses bras que j’ai été élevé. C’est dans sa cour que j’ai grandi. C’est à son enseignement que j’ai été éduqué. C’est elle qui m’a formé; qui m’a donné mon identité chrétienne; qui a esquissé ma physionomie humaine; qui a bâti ma configuration spirituelle. C’est elle qui m’a tout donné. C’est à cause d’elle que je suis devenu ce que je suis…

Devant ma désaffection pour les défauts de l’institution ecclésiale; devant l’allergie que je ressens parfois envers sa façon traditionnelle, obsolète et anachronique de transmettre les contenus de la foi; devant la tentation d'abandonner ma communauté de foi parce que ses dirigeants m’ont déçu et qu’ils continuaient de me mettre en boule… Combien de fois j'ai regardé autour de moi pour analyser quelles autres alternatives se présentaient à moi; pour voir où je pourrais aller pour trouver un lieu d'accueil, une communauté d’appartenance spirituelle meilleure et plus satisfaisante; une religion plus conforme à mes attentes? Chez les luthériens? Chez les épiscopaliens? Chez les adventistes? Chez les bouddhistes, les musulmans, les témoins de Jéhovah, l'église de scientologie, Krishna?

Non, merci! Non seulement ces religions  m'inquiètent, mais les défauts, les erreurs et les aberrations que je découvre en elles sont encore pires que ceux que je constate dans le catholicisme. Le Jésus de l'Évangile me satisfait, me plaît, me fascine infiniment plus que tous les Bouddha, Mahomet, Krishna, Jéhovah ou l'enseignement  de n’importe quel gourou illuminé.

C'est pourquoi j'ai décidé de rester avec Jésus de Nazareth, avec sa doctrine, avec la communauté de foi qui se rattache à lui, qui se nourrit de son esprit. Parmi tous les grands hommes que notre histoire humaine a suscités, c’est encore lui qui a ma préférence. Il est mon point de référence privilégié. C’est pourquoi j’ai décidé de rester dans mon Église, avec mon Église…. Malgré tout! Malgré ses fautes, ses faiblesses, ses erreurs, ses gaffes, ses scandales, ses incongruités… Car c’est elle le seul lieu où je peux encore entendre parler de lui et le rencontrer. C’est elle qui garde toujours le coffre précieux qui contient les trésors de son Maître et de son Seigneur. Oui, certes, il a beaucoup de saleté à balayer et un gros ménage à faire dans mon Église. Mais, en réfléchissant bien, je me suis dit qu’un  rosier  peut-être plus de chances de pousser et de fleurir entourée de fumier que de pierres précieuses… Je me suis dit que j’ai peut-être tort d'être trop exigent envers mon église… Car, finalement, Jésus aussi était entouré d’ordures et d’un tas de pécheurs…

C’est là que j’ai découvert que Pierre avait raison! Oh, et combien! Seigneur, à qui irions-nous, toi seul as les paroles qui font pour nous, que nous aimons, qui nous satisfont, qui nous conviennent, qui répondent à nos besoins les plus profonds, car elles contiennent la sagesse de Dieu, car elles possèdent le secret de notre liberté, de notre grandeur, de la réussite de notre vie et du salut de notre monde... Oui, Tu as les paroles qui nous permettent de vivre pleinement et durablement, paroles de vie éternelle ...! A qui irions-nous pour être guidé, orienté, pour apprendre qui nous sommes; pour savoir d'où nous venons et où nous allons? Qui mieux que toi peut nous dire ce qui est vraiment bon pour nous; quelle est notre véritable nourriture; quelles sont les valeurs qui nous enrichissent, qui nous font grandir et qui font le succès de notre existence? Vers qui pourrions-nous aller pour trouver la vérité sur nous, sur Dieu, sur les autres, sur le monde? Vers qui irions-nous en toute confiance, sûrs de n’être jamais trompés, dupés, manipulés, exploités, déçus? Vers qui irions-nous, Seigneur, si nous te quittions toi et la communauté de tes disciples? Qui sera alors notre lumière, notre appui, notre confort, notre force, notre espérance? Entre les mains de qui pouvons-nous abandonner, en toute confiance et en toute sécurité, notre cœur? Qu’est-ce qui nous reste de vrai, de solide de bon, de valable, si nous te perdons?
           
Ce qui nous reste sans toi, séparé de toi, est finalement ce qui nous détruit et nous perd. Si les hommes et les femmes ne trouvent pas en toi et dans le Dieu que tu leurs révèles le sens de leur vie et le secret de leur véritable bonheur, où iront-ils le chercher? Ils chercheront leur bonheur dans l'argent, le sexe, la drogue, l'alcool, le pouvoir, le succès économique ou politique. Ils t’abandonnent, ils te quittent toi et ton Dieu …mais à combien d’autres dieux s’approcheront-ils  dans leur vie? Dans le culte de ces idoles, ils pensent trouver leur bonheur et leur accomplissement; en réalité, ils n’y trouvent que  vide et déception.

Oui, Pierre a raison de dire «Seigneur, vers qui pourrions-nous aller? Tu as paroles de la vie éternelle!»



BM



jeudi 20 août 2015

MANGER LA «CHAIR» ET BOIRE LE «SANG» DE JÉSUS ?



(Jean 6, 51-58)


C’est par le geste de la manducation ou de la communion au pain que les chrétiens ont, depuis les débuts, exprimé et manifesté symboliquement leur volonté de se nourrir de tout ce qui sort de la personne du Seigneur ou qui se rapporte à Lui. C’est ce que l’évangéliste Jean veut enseigner lorsqu’il dit de Jésus que nous devons manger sa «chair» et boire son «sang». Le mot «chair» que Jean utilise et qu’il met sur la bouche de Jésus, a perdu pour nous aujourd’hui la résonance qu’il avait pour les juifs de son temps, habitués au langage et à la symbolique de la Bible hébraïque. Une certaine théologie chrétienne a compris et interprété ce mot d’une façon littérale, matérialiste et donc absurde, comme si nous devions manger, en cannibales, la chair «organique-biologique» du Seigneur.

Mais quand l’évangéliste utilisait le mot «chair», dans son esprit cette parole avait le sens que sa culture juive lui donnait. Or, dans la Bible hébraïque, le mot «bah-sahr», traduit en grec par le terme «sarx» (=chair), indique tout être terrestre, considéré comme une créature fragile, limitée, mortelle, (de l’animal, poissons, oiseaux, à l’humain), mais dans lequel il y a le souffle de la vie. Appliqué à l’humain, ce mot indique l’homme en tant que créature matérielle issue de la terre, résultat, dirions-nous aujourd’hui, de l’évolution cosmique et de l’évolution biologique des espèces, mais intérieurement embrasé par le feu de Dieu et allumé par le souffle de son esprit, qui fait de lui le prototype le plus accompli de toute sa création.

Cet esprit divin qui anime l’homme de chair et qui fait de lui la créature intelligente, spirituelle et sublime qu’il est, était représenté, symbolisé dans la Bible ancienne par le «sang». Le sang qui coule partout, qui envahit de partout et de l’intérieur le corps humain (la «chair»), était, pour les auteurs bibliques, la meilleur image qu’ils avaient pu trouver, pour exprimer de quelle façon intime, profonde et radicale l’homme est pénétré, travaillé et vivifié par l’esprit ou la présence de Dieu qui constitue la substance ou le fond le plus intime de son être. 

Dans l’Ancien Testament le mot «chair» n‘a donc pas du tout le sens péjoratif que, sous l’influence de l’hellénisme tardif, il acquiert dans les lettres de Paul et ensuite dans la littérature chrétienne où ce mot est souvent utilisé comme synonyme de péché, de passions perverses, d’instincts lascifs, de tendances désordonnées, de plaisirs libidineux qui conduisent l’homme vers la transgression de la Loi divine et donc vers sa perte.

Quand, dans le texte de l’évangile d’aujourd’hui son auteur fait dire à Jésus qu’il faut manger sa chair et boire son sang, par cette expression il veut faire comprendre aux chrétiens de son temps qu’en s’approchant de cette créature en chair en en os, en fréquentant cet homme marqué par la finitude et la faiblesse humaine, mais qui est cependant un champion d’humanité, ils touchent au divin, ils s’approchent au produit le plus accompli sur terre. En croyant en lui et en s’attachant à lui par l’amour et la confiance, ils introduisent dans leur existence concrète une personne en qui la présence de Dieu agit et se manifeste avec une force, une énergie, une immédiateté et une proximité uniques, et que, par conséquent, ils ne peuvent qu’en être positivement affectés. Cet homme est, en effet, tout imbibé de l’Esprit de Dieu, qui est pour ainsi dire comme le sang qui le fait vivre et agir. Car Jésus a été capable de s’ouvrir totalement à l’action de l’Esprit, de sorte que Dieu l’a, pour ainsi dire, modelé à son image, au point de faire de lui l’homme pleinement transparent à Dieu; celui qui a le mieux incarné dans notre monde la présence de cette ineffable Énergie d’Amour qui est Dieu; le prototype de l’homme totalement transformé et transfiguré par le dynamisme de l’Esprit de Dieu.

Lorsqu’on est épuisé et assoiffé et que l’on est proche d’une source, on ne peut que boire; lorsqu’on a froid et que l’on est proche du feu, on ne peut que se réchauffer; lorsqu’on est égaré et perdu dans l’obscurité et que l’on perçoit un chemin, une trace, une lumière, on ne peut que les suivre; lorsqu’on rencontre un être humain de la trempe de Jésus, rempli de Dieu et modelé par son Esprit, on ne peut que s’attacher à lui, s’asseoir à sa table et manger et boire de l’abondance de sa richesse... C’est cela que l’évangéliste Jean veut nous faire comprendre à travers ces expressions archaïques et pour nous aujourd’hui très surprenantes et très difficiles à comprendre qu’il met sur les lèvres de Jésus: «Ma chair est vraie nourriture et mon sang est la vraie boisson…celui qui me mangera vivra par moi ... Le pain que je donnerai, c'est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie….celui qui mange de ce pain vivra éternellement ». 

Voulez-vous avoir une forme de vie valable, significative, solide et durable? Voulez-vous vous mettre en contact avec quelqu’un qui est l’exemplaire le plus perfectionné des êtres que l’évolution cosmique ait produit? Désirez-vous avoir une qualité de vie humaine qui ressemble à la qualité de vie humaine que Jésus a incarnée au cours de son existence ? Eh bien, vous devez calquez votre humanité, votre chair, sur l’humanité et la chair de cet homme! Vous devez boire de lui, de son sang, c’est-à-dire de ses valeurs intérieures, de son esprit, qui ont été comme le sang qui lui ont permis de réaliser la qualité de vie qu’il a eue. Plongé dans l’intimité de Dieu, il a vécu en enfant de Dieu docile et aimant; il a vécu en authentique fils de Dieu.

Si vous suivez Jésus, si vous mangez et buvez de lui, vous lui ressemblerez, vous deviendrez comme lui: des humains accomplis, lumineux, transparents, purifiés et polis par les feux de l’amour que son esprit aura allumés en vous. Vous deviendrez, comme lui, de véritables enfants de Dieu… et votre vie sera belle, sera pleine, sera bien fondée, sera réussie aux yeux des hommes et aux yeux de Dieu.



BM

dimanche 16 août 2015

“Io sono pane di vita. Chi viene a me non avrà più fame “

 (Gv. 6, 48-52)

Penso che tutti sono d’accordo quando si dice che mangiare, prendere un pasto insieme, sedersi intorno ad una tavola per un buon pranzetto, è una delle azione piu normali, ma anche una delle esperienze più gratificanti, più soddisfacenti e, senz’altro, più profonde della nostra vita. Il mangiare non è soltanto un fenomeno fisiologico, ma è anche e soprattuto un' esperienza emozionale, psicologica e spirituale, che noi ne siamo coscienti o no. Qual’é il primo momento in cui noi, come essere umani, abbiamo fatto la prima esperienza dell’amore? Quando, neonati, ci siamo attaccati per la prima volta al seno materno per la nostra prima poppata. Il bambimo entra nel mondo gridando e piangendo, spaventato, perduto, solo, separato per sempre dalla sicurezza e dal calore del corpo materno con il quale fino allora non aveva fatto che una cosa sola. Ma quando il bambino è allattato, ecco che a contatto con il seno materno, si sente nuovamente unito alla madre, si sente nuovamente accettato, sostenuto, cullato, protetto dalla tenerezza e dall’amore materno. Mentre riceve il suo cibo, mentre si nutre, il neonato vive nel medesimo tempo una esperienza unica di comunione, d’intimità e d‘amore. E da quel momento in poi il subconscio di ogni essere umano associerà sempre il mangiare, il nutrirsi,  a qualche cosa di molto più profondo del semplice fatto d’ingurgitare del cibo. Il cibo, il nutrimento, il pane diventano segno, simbolo dell’amore. E queste due realtà non saranno mai piu separate.

Infatti quando delle persone mangiano insieme, sedute alla stessa tavola, intorno alla stessa mensa, queste persone non consumano soltanto del cibo, ma, nel medesimo tempo, stringono tra di loro dei  legami ; costruiscono dell’amicizia, della fraternità, della comunione, si legano di simpatia e d’affetto Invitare una persona alla propria tavola, è un gesto che va al di là della semplice cortesia; è un gesto simbolico che vuole notificare a questa persona che noi non la consideriamo più come uno estraneo o un forestiero, ma che desideriamo farla entrare nella cerchia delle persone che ci interessano, che ci stanno a cuore e che ci sono care. Conoscono bene il significato di questo gesto le coppie di innamorati che si incontrano per la prima volta e che cercano di concretizzare la simpatia e l’attrazzione che sentono l’uno per l’altro. I primi approcci di due innamorati si svolgono sempre o intorno ad un caffè e una brioche presi di sfuggita in un bar o, più seriamente, con una cenetta intima al lume di candela in un buon restorante. Il mangiare insieme diventa una specie di linguaggio simbolico per dirsi il desiderio che si sente di vivere insieme. Si può dire che nel nostro modo di vivere, non c’è amore sincero, amicizia vera, che non sia stata sigillata da numerosi pasti consumati insieme . Si direbbe che, noi umani, non riusciamo veramente a fare capire all’altro che gli vogliamo bene, fin tanto che non siamo riusciti a mangiare con lui; o fin tanto che non siamo riusciti a preparare in cucina qualche ricetta che gli faccia piacere.


Questo significato profondo del cibo come segno, espressione e talvolta come sostituto dell’amore può essere anche osservato in quei fenomeni psicologici che gli psicologi chiamano problemi emozionali o “nevrosi orali”. Così, per sempio, l’obesità non è soltanto causata da disfunzionamenti ormonali, dalla ghiottoneria, dalla golosità e dal fatto che ci si nutre male. Molto spesso, specie nelle persone giovani, l’obesità è causata da frustazioni o da insoddisfazioni sentimentali. La ragazza è troppo timida, non riesce ad attirare l’attenzione; non si trova abbastanza carina o attraente ; magari il sua ragazzo l’ha piantata da poco. Si sente sciatta, moscia ,trascurata, abbandonata, sola, e questo proprio nel momento in cui ha maggiormente bisogno d’ affetto, di tenerezze, di premure, di attenzioni. Allora che cosa fa per sopravvire alla sua frustrazione ? Incomincia a mangiare. Mangia ogni volta che si sente depressa , frustrata ed infelice. Si rempie la bocca e lo stomaco, per compensare il vuoto che sente nel cuore. E dato che si sente continuamente frustrata ed infelice, ecco che mangia in continuazione. Ed è così che diventa obesa. In questo caso, il cibo diventa il sostituto orale dell’amore che non riesce ad ottenere. Inconsciamente questa ragazza regredisce psicologicalemente allo stadio “orale” del neonato che cerca nel latte materno ed in tutto ciò che si mette in bocca, la protezione e l’amore di cui ha bisogno per vivere .

Anche l’alcolismo possiede una dimensione orale. La persona alcolizzata beve per dimenticare le sue frustazioni, i suoi sbagli, la sua sensazione di inadeguatezza e d’inferiorità. Inconsciamente ,anche lei cerca, con la bocca, l’amore e la sicurezza che aveva conosciuto quando era bambino . Gli psichiatri dicono che anche l’abitudine di fumare può essere interpretata come una forma di nevrosi orale, come un tentativo cioè di ricatturare la sensazione di calore e di benessere che provavamo quando succhiavamo il seno materno. La sigaretta, il sigaro, la pipa, sono per gli adulti ciò che è per il bambino succhiare il seno o succhiarsi il pollice: dei surrogati del cibo e del latte materno; degli espedienti per sentire sicurezza e pace. In un parola: dei sostituti dell’amore.
            Cibarsi è dunque una esperienza umana profonda sotto ogni punto di vista : fisiologico, emotivo, psicologico e spirituale. Soltanto se riusciamo a tenere presente il senso profondo di questo gesto, riusciremo forse a capire un po’ meglio ciò che il vangelo di Giovanni vuol dire quando mette sulle labbra di Gesù questa frase: “Io sono il pane di vita . Io sono, cioè, il cibo che vi fa vivere”.  
            L’autore di questo vangelo sa molto bene che il pan , il cibo, il mangiare, sono dei simboli dell’amore, perchè soltanto l’amore è il cibo che ci permette di vivere. Togliete l’amore dalla vita di una persona e la vedrete immancabilmente perdere a poco a poco la sua vitalità, la sua voglia di vivere; la vedrete diventare triste, sconsolata, depressa; la vedrete appassire come un fiore che non riceve più acqua e nutrimento. Come il pane (il cibo) riempie fisicamente il nostro corpo, così l’amore riempie psicologicamente la nostra vita. Come il pane (il cibo) sostiene le nostre forze fisiche e dà al corpo il vigore di cui ha bisogno per resistere allo sforzo e agli attacchi della malattia, così l’amore ci dà lo slancio e l’energia psicologica e spirituale di cui abbiamo bisogno per affrontare le vicissutudini dell’esistenza  con gioia ed entusiasmo. E dunque quando nel vangelo il Cristo afferma d’ essere il pane, il cibo che dà la vita, egli avanza una pretesa inaudita: si presenta come colui che possiede il potere di soddisfare i bisogni più profondi e piu essenziali di ogni vita umana. Egli si presenta come colui che, nella sua vita, ha saputo amare meglio e più di qualsiasi altra persona e come la manifestazione stessa (o meglio l’incarnazione visibile) dell’amore di Dio in mezzo a noi . Egli si presenta come colui che ci permette di vivere una via più felice e più compiuta, insegnandoci e dandoci la capacità e il potere di amare come lui ha amato.


            Il pane che ci fa vivere non lo troviamo nei soldi, nel benessere materiale, nel prestigio, nel potere, nel successo, nella fama o nell’importanza sociale; non lo troviamo negli svaghi, nelle vacanze, nelle distrazioni, nei divertimenti... perchè le persone che hanno beni, soldi, potere, piaceri, continuano sempre ad essere delle persone insicure, sole, insoddisfatte, ansiose, infelici... nonostante tutto quello che hanno e nonostante tutto quello di cui godono. Il cibo che mangiano non riesce a soddisfarle ... Continuano ad aver fame e a cercare il pane miracoloso che potrebbe finalmente saziarle . Noi tutti abbiamo fame di un cibo che non passa, che non perisce; abbiamo fame e sete di una felicità e di un benessere che dura, di una esistenza che sia come assicurata contro gli assalti della delusione, della depressione, del fallimento, della sofferenza. Ma come fare, dove andare, a chi rivolgerci per trovare il cibo miracoloso che ci può procurare un po’ più di felicità ? “Io sono il pane che fa vivere. E chi viene a me non avrà più fame”.
Questa affirmazione di Gesù è vera o è soltanto una pretesa senza fondamento? Esiste davvero nel mondo una forza, un potere,  una energia che riesce a nutrire e a saziare  la nostra vita,  al punto da non desiderare più nient’altro e da sentirci pienamente realizzati, felici e soddisfatti? Questo pane di vita, questo elisir di felità, non è  un miraggio, una illusione, un sogno assurdo, un prodotto della nostra bramosia di successo e di felicità ? C’è mai stato qualcuno, in tutta la storia del mondo, che sia stato capace di realizzarsi così pienamente come uomo, da poter dire di lui che è un uomo perfetto,  perchè é  stato capace di raggiungere la perfezione dell’amore e una piena felicità ?

Ebbene, noi cristiani crediamo che questo uomo è esistito davvero e che si chiama Gesù di Nazaret. Ma noi crediamo anche che Gesù è riuscito a diventare quell’uomo perfetto che è stato, perchè è stato capace di aprirsi interamente a Dio e di lasciarsi totalmente lavorare e trasformare dall’azione del suo Spirito. L’azione potente di Dio nella vita di Gesù ha trasformato l’uomo di Nazaret nel Cristo di Dio Gesù è il Cristo, non soltanto perchè nella sua vita è all’opera tutta la potenza dello spirito di Dio, ma sopratutto perchè egli esprime e rivela con la sua vita la presenza dell’amore (di Dio) nel mondo. È  dunque in quanto Cristo che egli può dire: “Io sono il pane della vita. Io rappresento l’amore che vi permette di vivere . Io vi posso dire, vi posso insegnare , vi posso dimostra re come deve amare e che cosa deve amare una persona per vivere una vita piena di senso. Senza di me , senza il mio aiuto sarete condannati ad avere sempre fame e sete. Se non mi prendete come esempio non riuscirete mai a soddisfare il vostro bisogno d’amore, il vostro appetito, il vostro desiderio di sicurezza, di pace e di felicità.”
Ed è in questo senso che il Cristo è anche il nostro salvatore.  Dicendoci come amare, egli ci ci dice come fare per realizzarci ed essere felici. Ed in questo modo ci salva dalla delusione, dalla disperazione , dallo sconforto, dalla tristezza, dall’angoscia, dalla paura che noi abbiamo di non riuscire a realizzarci e ad essere felici.


L’amore è ciò che ci permette di vivere e di esistere come persone. L’amore è ciò che fa di noi degli esseri umani; è ciò che costruisce la nostra umanità. Senza amore, noi diventiamo inumani, perchè ci facciamo facilmente travolgere dalle violenza dell’odio che ci rende crudeli, malvagi e selvaggi come delle bestie. L’amore è dunque il pane che dobbiamo mangiare ogni giorno, se vogliamo crescere in umanità ed in santità davanti a Dio e davanti agli uomini . E ogni volta che noi ci facciamo guidare dall’amore, ogni volta che noi troviamo l’amore, troviamo, in un certo senso, il nostro salvatore. È soltanto perchè questo amore era presente in Gesu di Nazaret, che noi gli possiamo attribuire il titolo di Salvatore. E se la forza e la pienezza dell’amore, come l’ abbiamo visto in Gesù, riesce a varcare i tempi (a sopravvivere nel tempo), a giungere fino a noi e a invadere la nostra vita, allora possiamo affermare, in tutta verità, che egli è davvero il Cristo di Dio. Se al suo contatto, se introducendolo nella nostra vita, noi riusciamo ad amare meglio, ad amare di più, ad aver più forza e più energia nei dolori e nelle difficoltà della vita e se riusciamo di conseguenza a vivere una esistenza più completa, più compiuta e più felice, allora dobbiamo credere ch egli è davvero per noi il pane di vita, il cibo che ci fa vivere...  
            E quando noi, come comunità di credenti, ci riuniamo, la domenica, intorno alla mensa eucaristica non lo facciamo soltanto per esprimere con questo rito che siamo una grande famiglia e che siamo dunque uniti tutti insieme dai legami dell’ amicizia, della fraternità, della concordia, della simpatia e dell’affetto, come dei commensali intorno ad una tavola imbandita; ma ci riuniamo intorno alla stessa tavola, sopratutto per nutrirci di Cristo. Quando noi ci alziamo per andare a mangiare il pane eucaristico, con quel gesto noi vogliamo esprimere la nostra volontà  di fare com-unione con Gesù,  il Cristo di Dio e di nutrirci, come lui, del pane di vita, che altro non è che l’amore di Dio nei nostri cuori.
Con quel gesto vogliamo esprimere il nostro desiderio, la nostra intenzione di introdurre anche nella nostra vita lo spirito e la forza d’amore che ha trasformato la vita di Gesù e che lo ha spinto  a sacrificare la sua vita per gli altri. Attraverso quel gesto di comunione, vogliamo dire che anche noi siamo disposti a dare la nostra vita per gli altri e a vivere in quell’amore che dà senso alla vita e nel quale soltanto si trova il segreto della felicità.





(Testo di John Shelby Spong, estratto dal suo libro This Hebrew Lord, tradotto e adattato da Bruno Mori)


mercredi 12 août 2015

LE SENS DU SIGNE DE LA «MULTIPLICATION DU PAIN » DANS LES ÉVANGILES


«Donnez leur vous-même à manger» 
(Mt.14,16)

            L’évangile de dimanche passé nous avait mis en contact avec l’attitude très humaine de Jésus qui se rend compte de la fatigue et du stress de ses amis et qui les invite à s’arrêter et à se reposer pour refaire leurs forces. L’évangile d’aujourd’hui nous présente un autre aspect touchant de la personnalité du Maître. Les gens qui le suivent et qui l’entourent (une foule de 5000 hommes, sans compter les femmes et les enfants - Mt. 14.21) non seulement sont fatigués et épuisés comme ceux de dimanche passé, mais en plus ils ont faim et manquent de nourriture. Que faire devant la détresse de ces gens ? Jésus aurait pu adopter l’attitude fataliste et un peu cynique de ses disciples. L’attitude de ceux qui s’en lavent les mains. Qu’ils se débrouillent ! Ils auraient dû être plus prévoyants ! Ils peuvent toujours marcher et aller acheter leur lunch au casse-croûte ou à l’épicerie du village voisin. Nous, on n’y est pour rien ! Que pourrions-nous faire pour nourrir autant de monde ! ».
C’est l’attitude de ceux qui se résignent à accepter la misère comme quelque chose d’inévitable. C’est si souvent notre attitude. Que pouvons-nous faire s’il y a dans le monde 795 millions de personnes, soit une sur neuf, qui en ce moment souffrent de la faim ou de la malnutrition! Cinq cent mille femmes africaines meurent chaque année pendant l'accouchement, car leur corps affaibli par le manque de nourriture ne résiste pas à la moindre infection. Vingt quatre mille personnes meurent de faim chaque jour dans le monde, soit une toutes les quatre secondes; un enfant  meurt de faim et de malnutrition toutes les cinq secondes! C’est malheureux, mais devant cette tragédie nous sommes dépourvus! Tout cela ce n’est pas notre affaire! Nous ne pouvons rien faire, même si nous le voulions ! Nos moyens ! Tu parles, c’est de la rigolade, comparé aux besoins ! Que voulez-vous que l’on fasse avec notre petit budget, avec nos maigres ressources, avec deux petit poissons et cinq galettes, quand on a devant soi presque un milliard de personnes à nourrir ! …

Et pourtant Jésus semble faire la sourde oreille aux raisons de notre bon sens… et malgré l’énormité et presque l’impossibilité de la tâche, Jésus nous gifle en plein visage avec un ordre qui nous paraît absurde: « Donnez-leur vous-même à manger !... ». Il veut par là nous faire comprendre que devant l’urgence, personne n’a le droit de baisser les bras ou de décharger sa responsabilité sur les autres (les gouvernements, l’aide internationale, Fao, Oxfam, Unicef, Unesco, Développement et Paix…). Il veut nous faire comprendre que la vie, la santé, le bien-être des personnes ne peuvent pas attendre, n’admettent jamais de délais et que devant des être qui meurent de faim toutes nos tergiversations et hésitations deviennent criminelles. Il nous en donne lui-même l’exemple. Devant l’urgence et le besoin, Jésus ne perd pas son temps en discours, en analyses, en tables-rondes, en comités et en réunions d’experts qui ont pour tâche de préparer une étude exhaustive du problème afin de réfléchir sur l’opportunité d’entamer des démarches en vue d’envisager un projet de solution du problème …  Il agit tout de suite… il prend ce qu’il a sous la main… ce n’est pas grand-chose, c’est presque rien … c’est seulement deux petits poissons et cinq galettes… mas il fait quelque chose avec…  il les donne … et il nous dit par là: « Si chacun de vous faisait comme moi, si tout le monde faisait comme moi, tout le monde mangerait à sa faim et il en resterait  même douze corbeilles!».

            Ce récit de Jésus qui nourrit une foule affamée peut être interprété de bien des façons ; il peut nous transmettre bien des messages. Personnellement, je pense qu’il contient surtout un enseignement de profonde humanité.

            Une personne pour garder sa dignité a besoin d’une certaine sécurité économique et de pouvoir satisfaire ses besoins fondamentaux. L’individu perd de son humanité et il dérive vers la déchéance lorsqu’il est plongé dans une pauvreté trop grande, une pauvreté qui devient misère, détresse, manque de choses essentielles  (incapacité et impossibilité de pourvoir aux nécessités de base de l’existence : accès à une nourriture suffisante, à l’eau potable, à un abri convenable, aux médicaments nécessaires, soins médicaux indispensables, etc.). Le manque de choses essentielles conduit l’homme à perdre la conscience de sa décence, de sa respectabilité, de sa dignité, de sa valeur … Le manque, lorsqu’il est extrême , pousse l’individu à penser qu’il n’est rien, qu’il ne vaut rien, puisqu’il n’a rien. En d’autres mots, la pauvreté lorsqu’elle devient indigence excessive et misère, ouvre la porte à la déchéance physique et psychologique de la personne. La faim lorsqu’elle est chronique, constante, permanente n’attaque pas seulement la santé et la vie du corps, mais elle étrangle et éteint surtout la vie de l’esprit en l’homme. Le manque de pain atrophie ce que l’homme a de plus précieux: la vitalité de son âme.

            Jésus avait compris que la personne pour garder sa fierté et l’estime de soi a besoin d’une certaine qualité de vie et d’un minimum de bien-être matériel, car, sans cela, elle risque non seulement de perdre sa santé et sa vie, mais surtout de perdre son humanité.

             Jésus avait compris que le chemin qui pouvait amener l’homme à prendre conscience de sa grandeur, de sa beauté et du merveilleux destin qui l’attendait comme enfant de Dieu, passait par la satisfaction de ses besoins de base.

            Jésus avait compris que sur cette terre l’homme n’est pas différent de n’importe quelle fleur ou plante : la vie, la croissance et l’épanouissement de celles-ci dépendent de la nourriture que leurs racines réussissent à absorber et donc de la fertilité du sol dans lequel elles sont enracinées. Et qu’il est insensé de s’attendre à ce que le rosier soit éblouissant de fleurs ou que le pommier soit débordant de fruits, si l’agriculteur ne les a pas nourris. Jésus avait compris qu’une grande partie du bonheur de l’homme dépend de la satisfaction de son ventre et de ce qu’il a dans son garde-manger ou dans son frigidaire.

            Jésus avait compris qu’il est inutile, qu’il est ridicule, qu’il est stupide, qu’il est  blasphématoire de parler de Dieu à quelqu’un qui a le ventre vide ou qui se meurt de faim; que pour les humains que nous sommes, la sécurité du pain quotidien est plus importante que la foi en Dieu; et l’amour du pain plus important que l’amour de Dieu.

            Jésus avait compris que l’homme est réfractaire aux valeurs de l’esprit et imperméable à tout discours sur Dieu, tant et aussi longtemps que toutes ses énergies sont accaparées par l’urgence de la survie physique et par la nécessité de trouver quelque chose à se mettre dans le ventre, et tant qu’il n’a pas acquis une certaine sérénité intérieure, qui lui vienne du fait qu’il vit comme un être humain et non pas comme une bête affamée.

            Voilà pourquoi Jésus, qui s’est donné comme mission de faire découvrir aux hommes l’amour d’un Dieu qui est Père et de les inviter à s’approcher avec plus de confiance a Lui, a été d’abord préoccupé par le pain. Il sait que les hommes n’auront jamais faim de Dieu, tant qu’ils seront angoissés par la recherche du pain. Il sait que les hommes ne pourront jamais s’approcher de Dieu, s’ils pensent que Dieu s’est éloigné d’eux et qu’il les a abandonnés, puisqu’il leur refuse le pain de chaque jour. Voilà pourquoi dans la prière qu’il a enseignée à ses disciples (le «Notre Père»), il les invite à supplier Dieu que cela ne se produise jamais. Il les exhorte à implorer Dieu afin qu’à tous soit assuré le pain quotidien; parce que seulement ainsi ils pourront vivre en vrais enfants de Dieu et le considérer comme un véritable Père.  

MB

dimanche 9 août 2015

« Ne travaillez pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui se garde jusque dans la vie éternelle ! »


(Jn 6, 24-35)


Jésus au chapitre six de l’évangile de Jean utilise l’image du pain pour nous faire comprendre qu’il y a deux sortes de nourritures qui produisent deux styles et deux qualités de vie différentes: il y des aliments périssables, qui ont une date d’échéance et qui donc, après un certain temps, sont dangereux pour notre santé; et il y a des aliments non-périssables, de longue durée. Les premiers - nous dit Jésus- ne sont pas fiables. Les deuxièmes (pensons aux produits en conserve, aux produits secs, aux pâtes alimentaires..), ne seront peut-être pas aussi appétissants et aussi agréables au goût que les premiers, mais ils sont souvent là pour assurer le quotidien de notre vie. Il y a donc une sorte de nourriture qui nous rassure et qui est toujours disponible dans notre dépense lorsque nous sommes en difficulté. Nous pouvons compter sur elle !

Avec cette comparaison de la nourriture Jésus veut nous faire comprendre que, dans notre vie humaine et spirituelle, il y a aussi une nourriture qui est sûre et une nourriture qui ne l’est pas et que nous devons donc surveiller très attentivement comment nous nous nourrissons. C’est à cela que le Maître fait allusion lorsqu’il parle d’une nourriture pour une «vie périssable», c’est-à-dire qui ne nous garantit rien de solide et de valable et d’une nourriture pour une «vie éternelle», c’est-à-dire qui nous promet la réussite d’une vie authentique et durable. Il nous rappelle donc que l’homme est ici sur terre pas seulement pour produire et consommer des biens et ainsi survivre quelque temps; mais qu’il est là afin d’arriver à une plénitude et une qualité durable de vie et que nous vivons non pas pour avoir des choses, mais pour être quelqu’un.

            Si nous tendons l’oreille, voilà ce que Jésus cherche peut-être à nous dire à travers ce texte d’évangile. «Vous ne pouvez pas et vous ne devez pas vous contenter de pain matériel. Vous avez besoin aussi d’une autre nourriture. Vous devez développer d’autres appétits, d’autres goûts, d’autres désirs, d’autres intérêts. Vous ne devez pas vous laisser alourdir et vous encombrer par les choses que vous accumulez ou que vous possédez. Ne devenez pas les esclaves de votre compte bancaire et de votre avidité. Vous ne devez pas sacrifier votre liberté pour obéir aux fausses sollicitations d’une société qui cherche à créer en vous des illusions, qui vous pousse à consommer d’une façon impulsive et frénétique en faisant croire que vous y trouverez votre bonheur. Ne laissez pas votre bateau s’envaser, s’ensabler et s’enliser dans la grève, faute de courage pour le conduire au large. Osez regarder plus loin que votre port d’attache! Osez le vent du large! Osez mettre le cap vers d’autres horizons, d’outres ports, d’autres rivages! Vous n’êtes pas faits seulement pour consommer, pour dépenser des énergies, pour accumuler des choses; pour emmagasiner des calories et chercher ensuite à les perdre… Vous n’êtes pas faits pour vous égarer dans la drogue, vous noyer dans la bière, perdre du temps dans la poursuite des derniers gadgets de la technique, des dernières trouvailles de la mode; pour passer les trois quarts de votre temps libre vautrés devant la TV à y subir un lavage de cerveau exécuté par une publicité aussi perfide et subtile que bête et idiote; à vous laisser abrutir par des films farcis de violence gratuite; à vous prostituer devant des programmes et des spectacles qui sont une insulte à votre intelligence et qui sont souvent l’œuvre de réalisateurs bornés et sans talent, qui pensent que tout le monde est comme eux et que le publique des spectateurs  est composé en majorité des débiles mentaux…».

            Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus cherche à nous ouvrir les yeux. Il fait appel à la conscience de notre dignité et à notre intelligence. Il nous dit: «Chers amis, vous n’êtes pas n’importe qui. Vous n’êtes pas nés pour un petit pain! Vous n’êtes pas venus au monde seulement pour vous remplir le ventre ou le portefeuille. Votre destin est plus noble que « métro, boulot, dodo». Vous êtes de la race de Dieu. Vous êtes à son image. Vous êtes sa manifestation en ce monde; vous en possédez les gènes; son Esprit est en vous! Vous êtes donc grands, vous avez une immense valeur. Alimentez vous donc à  la nourriture des dieux! Ne travaillez pas seulement pour vous procurer une nourriture qui se perd. Donnez-vous de la peine pour trouver un aliment qui se garde longtemps, qui nourrit non seulement  votre corps, mais aussi votre esprit. Et ce qui nourrit votre esprit vient des profondeurs les plus secrètes de votre être; là où se trouve le siège de la présence de Dieu. Ce qui nourrit votre esprit est un don de Dieu: un don qu'il vous donne pour vous élever, pour vous ennoblir, pour vous faire grandir à la dimension de votre immense dignité ...»

            L’évangile de ce dimanche devient alors une invitation à travailler pour nous procurer le pain qui nourrit notre esprit: la poésie, la littérature, la musique, les arts, l’étude, la lecture, la curiosité intellectuelle, la réflexion, la méditation, le silence, l’émerveillement, l’attention à la nature, aux choses, aux animaux, aux autres, la sensibilité, la gentillesse, la douceur, la tendresse, l’amour, le pardon, etc.

Pour nous, les disciples du Maître de Nazareth, notre nourriture c’est Lui: c’est l’attachement que nous ressentons pour sa personne; c’est l’émerveillement que sa parole suscite en nos cœurs et qui nous fait tressaillir intérieurement; c’est la fascination que sa personnalité exerce sur notre existence; c’est l‘ouverture de notre esprit à son Esprit, c’est-à-dire à ses valeurs, à sa foi, à sa perception de Dieu et de l’homme… oui cela est notre pain! C’est de ce pain que nous devrions nous alimenter! C’est ce pain qui est capable de nous soutenir vraiment! Ce pain est son Esprit en nous, son Dieu d’amour découvert dans les profondeurs de notre être, son immense liberté, sa vision de la réalité… toutes ces valeurs qui nous viennent de Lui, qui creusent une trace profonde dans notre cœur et qui orientent les choix fondamentaux de notre existence.

Voilà  donc l’autre genre pain que nous devons mettre sur notre table! Voilà la vraie nourriture donc nous avons besoin pour faire grandir en nous notre humanité! Sans ce pain nous ne sortirons jamais de notre animalité. Nous resterons au niveau du sol et nous n’atteindrons jamais les hauteurs auxquelles nous sommes appelés en tant que créatures faites à l’image de Dieu.
           
 Et voilà pourquoi dans l’évangile de Jean (chapitre 6), Jésus se pose devant nous comme le pain que nous devons manger. Ceux qui se nourrissent de lui (de ce qu’il est, de ce qu’il fait, de ce qu’il dit, de ce qu’il pense…) feront l’expérience de ce qu’est une vie heureuse, lumineuse et réussie aux yeux des hommes et aux yeux de Dieu.

BM