LAISSER NAÎTRE EN NOUS L'ENFANT DE DIEU QUE NOUS SOMMES
La
liturgie de Noël nous présente cet enfant comme l’événement le plus formidable
et le cadeau le plus précieux que l’humanité et donc chacun ne nous ait jamais
reçu. Oui, il y a un enfant qui se cache en chacun de nous ! Et cet enfant
porte en lui l’image et la ressemblance de Dieu, comme celui de la crèche de
Bethléem. Cet enfant représente la partie la plus intime, la plus pure et la
plus innocente, la plus vrai de notre être, ce centre profond qui renferme
notre absolue unicité en tant que personnes et à travers lequel transparaît la
présence de la divinité qui nous habite. Cet enfant qui est en nous, est
l’enfant que nous sommes tous, en définitive, lorsque nous faisons tomber les
masques et les ridicules déguisements sous lesquels nous l’avons enseveli dans
notre angoissante anxiété de paraître des personnes adultes et accomplies.
Pour devenir
des grandes personnes nous étouffons presque toujours l’enfant que nous sommes.
Car, pour devenir des grandes personnes qui sont respectée, craintes, qui ont
du succès, du pouvoir, de l’importance, pour faire partie des grands de ce
monde, il faut tuer l’enfant sensible, délicat, confiant, innocent, aimable que
nous sommes. Car pour réaliser nos grands projets d’adultes nantis, installés
et puissants, l’enfant innocent ne sert à rien ; et nous devons avoir
recours aux stratégies plus adultes de la force, du pouvoir, de la domination, de
violence, de l’oppression et de la peur …
Pour
devenir des surhumains, nous devenons des inhumains…. Pour devenir des êtres
riches et puissants, nous devenons des êtres misérables. Pour devenir de
grandes personnes, nous sacrifions le petit enfant ; et comme le roi Hérode,
pour garder notre royaume, nous sommes prêts à tuer l’enfant. Pour faire entendre
autour de nous la voix de la force et du pouvoir, nous étouffons les cris de
l’enfant qui pleure dans le berceau le plus secret de notre cœur.
La
sagesse chrétienne qui nous avons reçue de la Parole de Jésus nous dit: «Attention! Ouvrez les
yeux ! Veillez, veillez à ne pas tout gâcher dans votre vie ! Pour être
vraiment grands, il faut redevenir petit. Pour trouver la taille authentique de
votre humanité, vous devez devenir comme des enfants ! Car ce sont ceux qui
sont comme eux qui sauveront la terre et qui hériterons du Royaume de Dieu. Libérez l’enfant qui est en vous. Faites-le sortir
de la prison où vos égoïsmes, vos passions et vos convoitises l’ont renfermé et
vous verrez les miracles qu’il est capable d’accomplir dans votre existence ! …
Si
vous vous faites conduire par l'enfant en vous, vous deviendrez des personnes
extraordinaires : vous serez plus simples, plus spontanés, plus vrais, plus
transparents, plus purs. Vous deviendrez des personnes plus sensibles plus bienveillantes,
plus compatissantes, plus vulnérables et donc aimables et attachantes. Comme
des enfants, vous aurez envie de tendre vos mains pour sentir, toucher et serrer le
monde qui vous entoure. Vous retrouverez le temps de regarder, la joie de
communiquer, le goût de rire, de sourire, de vous amuser. Vous serez capables
de vous étonner. Vous parlerez aux fleurs, aux animaux, aux gens que vous
rencontrerez sur votre route, au Dieu qui habite votre cœur .....Et vous
trouverez cela tout à fait normal. Vous commencerez à poser des questions, à
interroger… les autres… vous-mêmes, le ciel… car vous découvrirez que vous
vivez dans un monde plein de mystères; que vous ne connaissez pas tout ; que
vous n’avez pas toujours raison et que vous avez besoin des autres …Vous
deviendrez alors plus humbles, plus respectueux, plus confiants, plus
reconnaissants … comme des enfants qui savent que leur vie ne dépend que de
l’amour qu’ils reçoivent et de celui qu’ils sont capable de donner!
Et
c’est ainsi que vous croîtrez en humanité et que vous vous atteindrez la
grandeur véritable que Dieu a réservée à ses enfants. Si vous êtes capables de
faire venir à la lumière (naître)
l’enfant qui est en vous, vous réaliserez la
venue de votre être véritable, vous découvriez votre authentique visage, le
visage que vous avez reçu de Dieu et qui est souvent horriblement défiguré par
le mal et votre méchanceté.
Serons-nous
capables d ’accueillir cet enfant divin et de réaliser sa « venue » dans notre vie ? C’est le défi
qui nous est lancé dans cette fête de Noël. Et c’est au cours de nos
eucharisties que nous demandons au Seigneur la grâce et la force dont nous
avons besoin pour devenir ses véritables enfants.
Quelques questions suscitées par
ce texte :
-
À la banque de ma vie, quel est le solde de mon
humanité ?
-
Suis-je en actif ou en passif ?
-
Suis-je plus riche ou plus pauvre ?
-
Mon capital en humanité a-t-il augmenté ou a-t-il
diminué ?
-
Ai-je acquis des nouveaux actifs, ou ai-je dilapidé
même ceux que j’avais ?
- Ai-je fait fructifier mon talent à la bourse de mes
engagements, ou je l’ai caché sous le matelas de ma paresse ?
- Puis-je regarde le futur avec sérénité, confiance,
espérance ; ou vois-je ma vie tourner en rond, emprisonnée dans le cercle
vicieux de mes mauvaises habitudes et de mes égarements ?
-
Serais-je un jour capable de faire tomber les chaînes
de mes convoitises qui m’emprisonnent dans des besoins artificiels et futiles,
larguer les amarres et prendre le vent du large afin de naviguer vers de
nouvelles rives, de nouveaux pays où je pourrais enfin retrouver et vivre selon
ma véritable identité ?
BM
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