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lundi 27 novembre 2017

Le Dieu qui habite l’homme et l’homme qui habite Dieu


(Fête du Christ-Roi – Mt. 25, 21-46)

            Depuis la nuit des temps l’homme a toujours été intrigué par la présence d’énergies mystérieuses qu’il constatait partout à l’œuvre dans le monde qu’il habitait. L’homme primitif a instinctivement attribué ces forces à l’action d’une Réalité Ultime à laquelle il a donné le nom de Dieu. Au cours de l’histoire humaine, Dieu a été imaginé de toutes sortes de façons et sous toutes sortes de formes. C’est pour cela qu’il y a autant de conceptions de Dieu qu’il a de civilisations, de cultures, de peuples et de religions. L’énorme diversité de nos représentations de Dieu est en relation directe avec notre impossibilité à connaître quoi que ce soit de sa nature. Alors nous compensons notre radicale et inéluctable ignorance par le foisonnement et la répétition de nos fantaisistes descriptions de la divinité.[i]

            La Réalité Ultime échappera toujours à toute prétention humaine de vouloir la définir et la comprendre. Même son existence ne pourra jamais être affirmée avec certitude par une démonstration ou une déduction logique de notre esprit. Dieu ne pourra jamais être saisi par notre intelligence, mais seulement ressenti par notre cœur comme une souhaitable possibilité; comme un soupir de notre désir, comme un élan de notre fascination qui voudraient relier à une Entité familière et à un visage aimable le mystérieux ensemble d’énergies qui bâtissent partout la grandeur et la beauté du monde.

            Cependant, la logique nous dit que si Dieu il y a, il ne peut être et se manifester que dans ce qui est. Il est en effet absurde de penser que quelque chose puisse exister en dehors ou au-delà de ce qui existe. C’est donc dans l’Univers existant que l’homme doit chercher Dieu ou plutôt les signes ou les traces de son action qui lui font suspecter que quelque chose de l’Ultime Mystère est à l’œuvre et se manifeste dans notre monde.

            On peut alors affirmer que la Réalité Ultime (Dieu) acquière visibilité et consistance dans la réalité de ce qui existe; que la divinité, située par les religions là-haut, dans l’au-delà, dans la transcendance, dans le surnaturel, ne réside, de fait, que dans l’ici-bas, dans l’immanence, dans le naturel, le matériel et le quotidien de notre monde et de notre existence quotidienne. Personne mieux que le théologien basque José Arriegi a illustré cette vérité : « Dieu n’intervient pas dans notre monde de l’extérieur et au gré de ses caprices. Il ne s’incarne pas une fois en passant, pour entrer dans notre monde depuis le sien. Il est la Chair du monde. Il est l’Être de tout ce qui est. Il est le Cœur de tout ce qui bat. Il est le Verbe actif et passif de toute parole. Il est le Dynamisme de toute transformation. Il est la tendresse de tout baiser. Il est le Toi de tout moi et le Moi de tout toi. Il est l’Unité de toute diversité et la Diversité de toute unité. Il est la lumière de tout regard. Il est la conscience de tout esprit. Il est la Beauté et la Bonté qui soutiennent et propulsent l’Univers dans son mouvement sans fin et ses relations infinies» [ii] .

            Il s'en suit que tout ce que nous pouvons deviner de Dieu, ne peut être saisi qu’à travers les phénomènes du processus évolutif de cet Univers physique qui nous a tous générés. On peut alors affirmer en toute vérité que la présence de Réalité Ultime prend corps dans la matérialité de notre monde et qu’elle n’agit et ne se manifeste que dans ses éléments ainsi que dans la complexité de leurs interférences et de leurs relations. Si cela est vrai, nous pouvons en tirer une extraordinaire conclusion et affirmer que notre Univers est, d’une certaine manière, la manifestation concrète et visible ou, si l’on préfère, la matérialisation ou l’incarnation de Dieu.

            Alors que les humains du paléolithique avaient découvert les signes de la présence de l’Esprit de Dieu dans les phénomènes naturels du monde, l’arrivée des religions (au néolithique) a vidé le monde de la présence de Dieu, pour le placer ailleurs. Et depuis ce temps Dieu n’est plus ni avec nous, ni parmi nous.

            C’est le mouvement chrétien, issu de la prédication de Jésus de Nazareth qui, en secouant l’humanité avec la force de son Souffle innovateur, a réveillé les humains hypnotisés et fourvoyés par leurs croyances religieuses et qui, en leur ouvrant les yeux, les a poussés à récupérer le Dieu proche et immanent que les religions avaient chassé hors de leur monde et de leurs vies.

            Dans l’histoire de l’humanité,  le  courant de pensée suscité par le christanisme est peut-être  arrivé  à nous débarrasser des fausses conceptions anthropomorphiques, mythiques et surnaturelles de la divinité, inventés et proposées par les religions, pour nous offrir enfin  un Dieu incarné dans la matérialité de ce monde et, particulièrement, dans sa réalité humaine, telle qu’elle se présente et se réalise, d’une façon exemplaire, dans la personne de l’Homme de Nazareth.

            Pour le chrétien moderne , Jésus de Nazareth constitue  non seulement un modèle d’humanité parfaitement réussie, mais aussi un exemple de comment doit être structurée et vécue, dans la vie d’une personne, sa relation avec Dieu et le prochain. Jésus semble nous montrer que, si nous désirons entrevoir, trouver et toucher quelque chose de Dieu et de son action et de son esprit dans notre existence, nous ne devons plus chercher cela dans les rituels, les normes, les prescriptions, les observances, les lois, les obligations, les prières, les sacrements, les incantations et les croyances proposées par les religions.

            Jésus semble nous dire que c’est plutôt ici, sur notre planète, dans notre maison, au contact avec nos frères humains, l’endroit où nous pouvons découvrir les traces de la présence du Mystère Ultime qui imprègne toute la création. Le seul but de l’enseignement du Prophète de Nazareth a été celui de convaincre ses disciples que, si Dieu existe, il ne peut être qu’ici, dans ce monde qui est le nôtre, dans la nature et dans les créatures qui l’habitent, dans le cœur des personnes, comme étant le souffle, l’énergie la sève, l’âme l’amour qui les font vivre, qui assurent leur perfectionnement, leur épanouissement et leur bonheur.

                        La caractéristique principale et la nouveauté du Prophète de Nazareth consistent finalement dans le fait d’avoir conçu et perçu Dieu comme étant essentiellement, une Force Amoureuse qui remplit l’Univers, un cœur divin qui bat en toute créature et qui est particulièrement active dans l’être humain. À cause de sa capacité et de son attitude à aimer, l’homme possède une ressemblance et une affinité spéciale avec Dieu. Et c’est en déployant totalement sa capacité d’aimer que, selon le Nazaréen, la personne réalise pleinement sa nature et atteint le but de sa présence en ce monde.
            Cette perception de l’homme[iii] considéré le lieu privilégié de la présence dans notre monde de l‘Énergie Amoureuse Originelle que Jésus appelait «Dieu-Père», constituait une conviction particulièrement chère à Jésus, engagé corps et âme dans un projet de transformation et de renouveau de la société de son temps, basé sur des relations humaines à l’enseigne exclusive de la communion, de la fraternité et de l’amour (le «Royaume de Dieu»).

Jésus a enseigné et révélé que c’est cet Amour Originel et Ultime que nous devons être capables d’entrevoir dans le complexe réseau des connexions, des dépendances, des attractions et des relations qui unissent les humains entre eux et avec tous les autres éléments de l‘Univers. Car seulement si nous nous sentons partie intégrante de ce système global et universel né de l‘Amour Originel et parcouru par l’Amour, nous serons en état de comprendre que notre pleine réalisation humaine ne peut être obtenue que par l’amour que nous générons et par l’amour que nous donnons. Donner et recevoir de l’amour devient alors, selon le Nazaréen, la seule façon de nous réaliser en tant que personnes et de faire vibrer le monde des hommes en harmonie avec la musique divine qui fait chanter l’Univers entier.

            Cette vision de l‘homme comme porteur et diffuseur « attitré » de l’Amour de Dieu dans notre monde, fournissait à Jésus les raisons et les arguments théologiques et spirituels nécessaires pour donner de l’élan, du dynamisme, de la détermination et des fortes motivations intérieures à tous ceux et celles qui, à sa suite, voulaient s’impliquer dans la tâche ardue visant à réaliser son rêve de renouveau universel.

            Pour Jésus, c’est alors l’homme qui devient le lieu privilégié de la proximité de Dieu et de la rencontre avec Dieu en notre monde. Pour Jésus, l’Esprit de Dieu est présent dans l’homme; et Dieu agit et aime dans l’homme et par l’homme. De sorte qu’il n’est pas possible d’avoir une bonne relation avec Dieu qui ne passe pas par une bonne relation avec l’homme, quel qu’il soit. Jésus arrive même à affirmer que ce qui est fait à l’homme, doit être considéré comme fait à Dieu. Pour Jésus, il n’est donc pas possible à quelqu’un d’offrir son amour à Dieu, si cet amour ne s’est pas formé dans le ventre de ses relations amoureuses avec les autres êtres humains (et non-humains). Il n’existe pas ici sur terre d’amour pour Dieu à l’état «pur», c’est -à-dire décanté ou épuré de toute scorie humaine ou contact humain. Sur cette terre, l’amour a toujours une coloration humaine et emporte toujours avec soi une forte odeur d’homme. « Celui qui dit d’aimer Dieu, mais ne déploie pas sa capacité d’amour en faveur de ses frères, est un hypocrite et en menteur et Dieu n’est pas en lui » (1Jn 4, 20-21).

            En identifiant la relation à Dieu avec la relation à l’homme, Jésus a accompli la plus grande révolution religieuse et spirituelle de l’humanité. Il a humanisé Dieu. Il a mis Dieu dans l’homme et non pas dans la religion. Il a libéré Dieu du monopole de la religion, de la prison du sacré, pour le placer dans le profane, dans le séculier, dans le monde naturel, dans la vie quotidienne des gens, dans le cœur de chaque personne, dans l’amour que nous ressentons, que nous donnons et que nous recevons. Il a disqualifié l’importance des moyens que la religion propose pour atteindre Dieu. Il a transformé la recherche de Dieu en la recherche de l’homme et d’une plus grande qualité humaine de son existence.

            Jésus n’a cependant pas supprimé la religion en tant que telle ; mais il a cherché à faire comprendre à ses représentants officiels que leur tâche n’est pas principalement celle de conduire les fidèles à aimer Dieu, mais à aimer les hommes et les femmes,  ainsi que tout ce qui les entoure. Car Dieu ne sait que faire d’un amour qui ne peut être vrai ni être sincère et duquel,  de toute façon, il n’a aucun besoin[iv], alors qu’il existe une infinité de personnes qui souffrent et qui ont besoin de notre aide et  de notre amour et avec lesquelles Dieu lui-même s’identifie : « Tout ce que vous avez fait aux plus petits de mes frères, c’est à moi que l’avez fait (Mt. 25,40).

            Pour Jésus c’est dans le service amoureux de ses frères, que l’homme rencontre Dieu et qu’il atteint la véritable grandeur de son humanité.

            Il n’y donc de souveraineté ou royauté possible pour l’homme chrétien que dans la supériorité et la prééminence de son amour.

Il en est de même pour l’Homme de Nazareth.

 Mori Bruno  (17 nov. 2017)
  





[i] Dans la Bible nous ne trouvons jamais des spéculations philosophiques sur la nature de Dieu. On peut dire que les auteurs bibliques ne sont pas intéressés par la spéculation sur l’essence de Dieu afin de chercher à comprendre ce que Dieu est en lui-même. Ces auteurs ont une attitude plus « pragmatique ». Ils sont beaucoup plus intéressés à savoir ce qui arrive au monde et à l’homme lorsque Dieu entre en action. Et ce sont précisément les exploits ou les «gesta» de Dieu que la Bible décrit et qu’elle nous transmet.
Il s'en suit que ce qui détermine la bonne relation de l’homme biblique avec la divinité, est sa «justice»: c’est-à-dire, la «juste» correspondance de ses actions avec la volonté de Dieu, lequel agit toujours, selon les auteurs bibliques, en vue de d’améliorer l’œuvre de sa création et le sort de son peuple.
A la différence du chrétien qui, sous la poussé de l’autorité et de l’enseignement contraignant de l’Église, fonde sa bonne relation avec Dieu sur la foi en des affirmations intellectuelles abstraites contenues dans des systèmes théologiques appelés «dogmes», l’homme de la Bible fonde sa bonne relation avec Dieu sur la bonté de ses actions.
Certes, même dans la Bible il est question de « foi » et la littérature rabbinique utilise souvent l’expression « homme de foi ». Dans la Bible, cependant, la « foi » n’a ni la même connotation cérébrale, ni le même contenu que le Magistère catholique attribue à ce mot. La foi catholique est l’adhésion de la volonté du chrétien à un ensemble d’affirmations théologiques retenues non seulement comme étant absolument vraies, mais aussi comme étant absolument nécessaires à son propre salut. La foi de l’homme biblique, par contre, est une disposition ou une attitude faite d’adoration, d’émerveillement et surtout de « confiance » face à l’action de Dieu telle qu’elle se déploie et se manifeste dans l’histoire de son peuple, dans sa vie personnelle et dans le monde et que l’«homme de foi» cherche à reproduire par l’intermédiaire de ses bonnes ouvres.

[ii] «Dios no interviene desde fuera cuando quiere. No se encarna una vez desde fuera, pues es la Carne del mundo, el Ser de cuanto es, el Corazón de cuanto late, el Verbo activo y pasivo de toda palabra, el Dinamismo de toda transformación, la Ternura de todo abrazo, el Tú de todo yo y el Yo de todo tú, la Unidad de toda diversidad y la Diversidad de toda unidad, la luz de toda mirada, la conciencia de toda mente, la Belleza y la Bondad que sostienen y mueven al universo en su infinito movimiento, en su infinita relación.» (Relat, 449)
[iii] Il va sens dire que chaque foi que dans ce texte il est question de l’homme, cela se réfère aussi à la femme.
[iv] Jésus avait compris que Dieu, étant Mystère ultime absolu et donc Réalité totalement inaccessible et incompréhensible à l’homme, ne peut jamais être saisi ou aimé par l’homme en lui-même, mais uniquement dans les manifestations et les signes que son l’Énergie, agissante dans les profondeurs des êtres, fait apparaître à la surface du monde que nous voyons. Un peu comme lorsque nous regardons la mer en bourrasque. Nous n’avons aucune idée de l’immensité des forces qui habitent et parcourent ses profondeurs. Nous pouvons cependant deviner leur présence aux résultats de leurs actions à la surface de l’eau, lorsque nous admirons, avec un mélange de frayeur et de stupeur, la puissance, la beauté et l’harmonie fougueuse des vagues qui crispent et modulent la surface de l’océan.

vendredi 17 novembre 2017

«Veillez, car vous ne connaissez ni le jour ni l’heure!»

(Mt. 25, 1-13 - 32 dim.ord. A)

            La proximité de la Toussaint et de la mémoire de nos morts risque de nous faire penser que cette sentence finale est une allusion à notre propre mort. Chacun de nous n'en sait, en effet, "ni le jour ni l'heure". Dans un passé pas si lointain, la religion chrétienne était tout entière centrée sur la mort. Avec un arrière-fond de peur: peur de ne pas faire son salut, peur de l'enfer, peur du jugement de Dieu considéré comme un juge sévère. Nous sommes heureusement débarrassés d'une telle image de Dieu, même s'il arrive parfois à tel ou tel de vivre encore dans cette peur pleine de culpabilité et de crainte de Dieu, un Dieu qui veut nous surprendre à l'improviste. Nous le savons : l'Évangile est, au sens propre, une Bonne Nouvelle et non une annonce de malheur, un message de crainte.
           
            Il est vrai que dans les évangiles, Jésus proclame souvent la venue imminente du «Royaume Dieu». Cette expression est cependant utilisée par lui non pas pour nous avertir de notre mort imminente, mais pour indiquer l’instauration d’un monde nouveau et d’une nouvelle société sur terre, régis par les principes et les forces de l’amour et de la fraternité. Pour Jésus de Nazareth la construction de ce monde nouveau que chaque être humain de bonne volonté doit chercher à bâtir et à habiter, a constitué le grand rêve de sa vie, pour la réalisation duquel il est mort.

            Dans les évangiles, Jésus compare souvent ce Royaume à une fête de noces à laquelle tout le monde est invité. Mais pour faire partie de ce monde nouveau, il faut en voir la nécessité. Il faut le désirer. Il faut s’y préparer intérieurement. Il faut être disposé à changer. Il faut donc être attentif et bien éveillé, afin de pouvoir saisir et interpréter les signes de cette nouveauté qui se rend indispensable et nécessaire un peu partout. Il faut être réceptif et éveillé, afin de ne pas rater dans notre vie les appels et les invitations au renouveau et à la conversion que l’Esprit de Dieu, à travers la parole de Jésus, fait continuellement retentir en nous et autour de nous.

            Veillez, signifie alors vivre en état d’alerte et d’attention vis-à-vis des personnes et du monde dans lequel nous vivons. Signifie être conscients de leurs beautés et de leurs laideurs, de leurs accomplissements et de leurs imperfections, de leurs richesses et de leur pauvreté, afin d’être capables autant de nous émerveiller, d’adorer, de rendre grâce, que de nous engager pour aider, réparer, soigner et guérir leurs maux et leurs blessures.

            Veiller, c’est avancer vers l’avenir avec confiance et espoir, sans se laisser envahir par la somnolence de notre apathie, de notre indifférence, de nos attitudes fatalistes qui cultivent le découragement et la résignation, qui poussent à l’abandon, qui désarment nos élans et nous confinent dans l'hébète satisfaction d’une existence plate, médiocre, sans ambitions, sans hauteur, sans souffle et sans but.

            Veiller, c’est croire à la bonté fondamentale du cœur humain et à la sagesse de son esprit. C’est penser que le bien est plus répandu que le mal et que les forces de la fraternité et de l’amour l’emporteront sur celles de l’hostilité et de la haine. C’est finalement croire qu’il vaut toujours la peine de s’engager et de se battre pour améliorer le cœur de l’homme et pour bâtir un monde plus beau.

Dans un monde sous l’emprise de l’égoïsme, de la compétition, de la rivalité et de la violence, veiller c’est se préoccuper de faire plus de place à la gratuité de l’amour dans notre vie, pour que notre cœur puisse être sensible à la souffrance et à la détresse des vivants et aux besoins de nos frères.

Veiller, nous renvoie alors à l’urgence de l’amour. Veiller, devient pour nous aujourd’hui un cri au secours, afin que nous nous dépêchions, nous nous précipitions à aimer. Car la réussite de notre existence et la survie de l’humanité dépendent de l’amour que nous aurons répandu autour de nous au cours de notre voyage à travers l’existence. À la fin de notre parcours nous serons jugés et évalués seulement sur l’amour que nous aurons dans notre cœur et sur celui que nous aurons donné.

Veiller est donc un appel à aimer tout de suite, maintenant, toujours. Nous aimons toujours ou trop peu ou trop tard. Il n’existe pas d’amour inutile, ni d’amour gaspillé. L’amour est toujours source de vie et de bonheur. Il est la seule richesse qui donne poids, sens et valeur à toute chose et à toute personne. Car dans l’amour nous touchons et nous participons au mystère de la présence du divin dans notre monde.

            Veiller, pour nous, les chrétiens, c’est reconnaître avec lucidité et gratitude que nous sommes toujours dans les mains et dans le cœur d’un Dieu qui nos aime et que nous ne devons pas avoir peur de la nuit ; et que nous pouvons donc avancer sans anxiété sur les chemins de notre difficile et pénible existence, même si parfois nous avons l’impression de marcher dans le noir, sans voir clairement où notre marche aboutira.

            Veiller, ce n’est pas mener une vie de héros ou de saints, sans fautes et sans accros; mais c’est vivre une vie qui cherche continuellement à se consumer et à se déployer soutenue par les attitudes de l’ouverture, de l’accueil, de l’attention, du soin, des petits gestes quotidiens du don de soi, de la tendresse et de l’amour, afin que les personnes que nous croisons sur notre route puissent entrevoir que, grâce à Jésus de Nazareth, quelque chose d’extraordinaire et de nouveau est en train de surgir dans notre monde.

BM


Nov. 2017